Carl est un vieillard au bout du rouleau.Il est démoralisé depuis le décès de sa femme et des promoteurs requins veulent le faire décamper de sa maison afin de récupérer le terrain.Sur le point d'être envoyé de force dans une maison de retraite,il s'échappe avec sa baraque qu'il fait voler grâce à des milliers de ballons,accompagné d'un scout complètement idiot qui lui colle aux basques.Son but est d'atteindre les mythiques chutes du Paradis,un endroit féerique d'Amérique du Sud que son épouse et lui s'étaient promis d'explorer sans l'avoir jamais fait."Là-haut" est réputé pour être un des fleurons des studios Pixar,d'autant qu'il est coréalisé par une des stars maison,Pete Docter,à qui l'on doit aussi "Monstres et Cie" ou "Vice versa".L'autre réalisateur est Bob Peterson,par ailleurs scénariste du film,alors que Docter et lui assurent des voix de personnages,tout comme Elie,la fille de Pete.La grande qualité visuelle propre aux dessins animés modernes est au rendez-vous.Formidable rendu des textures,fluidité des mouvements,couleurs magnifiques,graphisme original,prises de vue dignes d'un live,c'est incontestablement de la belle ouvrage.On peut par contre,comme c'est souvent le cas,être plus circonspect quant à la valeur du scénario.Ca part pourtant très bien,les bases de l'histoire étant alertement exposées,entre humour ironique,dénonciation du capitalisme inhumain et jolis moments d'émotion ou de poésie.Hélas,dès que les personnages arrivent aux fameuses chutes,ça vire à la classique série de courses-poursuites ininterrompues,sur fond de rebondissements totalement WTF.On n'attend certes pas de réalisme dans un tel contexte,mais là le niveau de n'importe quoi dépasse la dose maximale et provoque plus d'ennui que de suspense.On peut admettre le coup de la maison qui vole avec des ballons,concept éminemment poétique,mais ensuite ça se barre méchamment en sucette.Les ballons en question,de simples baudruches,traversent des orages sans coup férir,la maison atterrit pile aux chutes du Paradis,réputées quasiment impossibles à trouver,et on y rencontre pile le personnage qu'on s'attendait à voir apparaître,il y a un oiseau géant multicolore accro au chocolat et des chiens qui parlent,tandis que ce brave Carl,qui tient à peine debout au début du film,effectue des kilomètres à pied en tirant derrière lui son home sweet home et finit par accomplir toutes sortes de cabrioles et d'exploits physiques insensés dont des gymnastes de haut niveau seraient bien incapables.Ajoutons à cela que Russell est un gamin particulièrement insupportable et que le film a un coeur de cible incertain.C'est trop couillon pour satisfaire des adultes au cerveau normalement développé et trop sombre et effrayant pour vraiment plaire aux enfants.Quoi qu'avec les mômes de maintenant,biberonnés au rap,aux mangas,au porno sur internet,et confrontés au revival Chantal Goya,on ne sait plus où se situe la limite de ce qu'ils peuvent ingurgiter.Le chien Dug est quand même drôle et sympa.Ces errements sont regrettables car l'histoire est sous-tendue par une belle idée pas assez creusée.Il est fortement suggéré qu'il ne faut pas surestimer ses rêves de jeunesse,et que leur réalisation est facultative,voire qu'elle peut être décevante.C'est le cas ici,Carl découvrant un pays moins magique qu'il ne l'imaginait et une idole carrément indigne de son admiration d'antan.La vérité,c'est que cet homme,même s'il n'a pas eu d'enfants,même s'il n'a pas fait les voyages qu'il fantasmait,a vécu une belle vie auprès de celle qu'il aimait,et que c'est la seule chose qui compte réellement.L'instant déchirant où il découvre les dernières pages du journal d'Ellie le signifie clairement,et on pense alors à la phrase qu'adresse Jenny sur son lit de mort à Oliver dans "Love story":"merde pour Paris et toutes ces conneries que tu crois m'avoir volé".La voix de Carl dans la VF est celle de Charles Aznavour.