Quand le film démarre, je me dis qu'il s'agit d'un Hitchocok, Un film à suspense, une BO qui fait penser à Bernard Hermann, compositeur fétiche du grand Hitch (et ça tombe bien, c'est justement lui). On sait que les deux réalisateurs s'appréciaient beaucoup. Je vous recommande d'ailleurs le livre que Truffaut a consacré à Hitchcock. Bref je m'égare, revenons au film. Rien que le titre donne envie.
Il s'agit bien d'un suspense mais plutôt à la Colombo puisqu'on connait rapidement les coupables et on comprend vite que la mariée les recherche pour les supprimer. On se demande juste comment elle fera. En réalité, elle utilise pour presque tous leur talon d'Achille: ils sont plus ou moins dragueurs. Mais ils vont tomber sur une femme nommée Kohler ( et son nom est à l'image de ce qu'elle ressent pour eux)
Tout repose sur Jeanne Moreau et son visage triste et déterminé. Le réalisateur a réuni autour d'elle un casting d'exception où chaque personnage aura successivement son quart d'heure de célébrité avant l'exécution annoncée! Rich, Bouquet, Lonsdale, Denner (un magnifique acteur que j'ai toujours trouvé très sous estimé) Brialy et Daniel Boulanger (que je connais davantage comme poète et scénariste que comme comédien). C'est un défilé de stars des années 60/70 au service d'un récit sombre et plein de désespoir puisqu'il s'agit d'une vengeance et qu'elle n'apporte aucun réconfort à l'exécutrice.
Dès lors, le film se déroule avec un côté implacable et sans surprise, ce qui lui retire quand même pas mal d'intérêt malgré quelques grains de sable. J'ai apprécié surtout le passage avec Michael Lonsdale et son enfant parce que là, Truffaut déroge à son habitude en donnant un rôle très ambigu à cet enfant à la fois victime et coupable.
Il y a aussi quelques failles dans le scénario (je n'ai pas lu le livre, donc je ne sais qui est le responsable), notamment le rôle quasiment absent de la police d'ailleurs bien naïve jusqu'au bout.
Jeanne Moreau se promène sans cesse avec un petit carnet où elle a écrit le nom des coupables et qu'elle range soigneusement dans son sac à main. Et personne ne le lit? D'ailleurs, elle retrouve tous les coupables contrairement à la police? Vraiment ? Quand vous verrez ce qui s'est passé, vous vous demanderez comme moi comment elle a bien pu réussir ce tour de force.
Mais il y a des scènes magnifiques bien soutenues par la BO, et notamment le hors champ final qui est un des plus remarquables du cinéma français, bien digne du grand Hitch. Pour le reste, on sent que Truffaut n'est pas toujours très à l'aise avec cette histoire désespérée qui manque un peu d'humanité. Mais on passe tout de même une bonne soirée avec notamment une séance de diapositives qui nous rappelle s'il était besoin que ce film est le témoin d'une époque et qu'il mérite le détour.