J'avoue avoir été attirée par la tête d'affiche, Saoirse Ronan, que j'apprécie de plus en plus, sans avoir aucune idée du synopsis.
C'est un film assez simple dans l'idée. Témoigner des questionnements multiples de cette année charnière du diplôme qui met fin à la high school et vous ouvre les portes du monde des jeunes adultes sur le tremplin de leur vie.
Que faire de sa vie ? Choisir la facilité du cocon familial ou oser briser son quotidien, partir loin pour couper le cordon. Et là viennent les conflits internes et intra-familiaux : accomplir ses rêves, oser faire le choix de la rupture malgré la famille qui nous retient...
La distance que prend la mère de Lady Bird est un refuge à la souffrance. On nous montre bien cette ambivalence dans leur relation, cette complicité mêlée des craintes d'une séparation prochaine, ces accrochages à répétition suivis de gros câlins rassurants... Quand le petit oiseau exprime sa volonté de quitter le nid, elle se braque et liste tous les dangers d'une telle décision, invente de fausses excuses, dénigre les capacités du petit oiseau à s'en sortir... tout cela ayant pour but de le retenir, parce qu'elle l'aime et qu'elle préfère le garder frustré mais protégé auprès d'elle plutôt que d'exprimer directement son amour indéfectible. Et là, le papa fait le tampon pour éviter que tout n'explose, confident de l'un et de l'autre, lui souffre en silence dans sa dépression.
Qui suis-je ? Et là, on retrouve tous ces questionnements adolescents, les populaires, les moutons, les laissés pour compte, les atypiques, les gays inavoués... Quelles sont les amitiés sincères ? Quelles sont les relations toxiques ? Est-ce que j'accepte de n'avoir aucune liberté d'expression pour faire partie d'un groupe ? Suis-je fidèle à mes compagnons de route de toujours ? Que fais-je du regard des autres ? La trahison, les désillusions, l'amitié, l'amour, le sexe... tout plein de thèmes assez vus et revus. Je trouve toutefois qu'on rejoint les stéréotypes du type 17 ans = premier chagrin d'amour, première fois, tabac, alcool...
Qui sont mes vrais amis ? Ce besoin vicieux de reconnaissance qui mène nombre d'adolescents à se mentir à eux-mêmes pour faire Et puis un point qui m'a beaucoup soulée, parce que c'est trop facile et usé : pourquoi faut-il toujours qu'il y ait cette meilleure amie à laquelle on peut gratuitement briser le cœur, mettre de côté quand on n'en a plus besoin puis revenir la chercher quand nos péripéties ne nous ont pas satisfait ? C'est toujours celle qui est rondouillette, qui nous observe gentiment avoir nos premiers flirts, qui est trop "cute" mais pas suffisamment jolie pour plaire (alors que si), qui n'a pas de copain pour le bal de promo et déprime seule dans sa chambre, mais vous accueille toujours avec le sourire quand vous daignez penser à elle...
La soif de reconnaissance ; il est partout, dans le souhait d'être la première à quitter Sacramento, dans celui de rejoindre la Big Apple, dans l'envie d'être la première à coucher, dans la participation à une troupe de théâtre, dans la présentation aux élections de délégués, dans le refus d'être appelée par son prénom de naissance pour se démarquer avec un nom original et un préfixe pompeux (Lady), dans la consommation incontrôlée d'alcool, dans la revendication perpétuelle de son existence... Exactement ce qui m'énerve à l'adolescence, du coup, je ne sais pas si j'aime le personnage de Lady Bird.
Ok pour l'analyse mais difficile de s'attacher : les personnages n'ont pas beaucoup de profondeur. On a du mal à les cerner véritablement. Le frère et sa copine sont bizarres, je n'ai pas compris leur place dans la famille. T'as le mec qui sort d'on sait pas où guitariste qui se la joue mec cool qui "philosophie" sur la vie, le mec net sur tous les angles qui cache son orientation sexuelle en s'affichant aux bras d'un copine bonne pour la façade, la bonne copine rondouillette qu'on maltraite du début à la fin, la pouf hautaine qui parle de ses activités sexuelles à qui veut l'entendre... et au milieu de tout ça, Lady Bird, qui fait des choix difficiles à comprendre.
En gros, un film moyen avec de bons acteurs mais qui nous ramène à de nombreux clichés US une énième fois et pour lequel j'ai du mal à déceler l'originalité tant chantée par la presse.