Tous les ingrédients d'un grand Sergio Leone sont réunis. Les héros cupides, de vraies crapules. Leone ne se contente pas de cette guerre comme décor, il en parle avec une vision sans doute plus réaliste. Je n'ai jamais vu aussi bien filmé la fatigue, l'usure, la cassure même de ces hommes. Le reste, c'est toujours du Leone. Des dialogues cyniques, donc à l'effet comique indéniable. Et efficaces en plus : ses phrases sont courtes, faciles à retenir et ainsi ressortables à toute occasion. Tarantino réactualisera cet outil avec malice. Des gros plans qui sentent la sueur et qui, là encore j'insiste, permettent de s'intégrer entièrement au film. Le duel à 3 dans le cimetière, n'avez vous pas, vous aussi, ressenti cette tension qui pouvait exister quand on joue sa propre vie ? Quand bien même le style est différent, c'est comparable à la future roulette russe de Voyage au bout de l'enfer. Morricone est d'ailleurs au diapason. Ce film est aussi un grand casting. Elie Wallach lors des retrouvailles avec son frère, il dégage ses faiblesses, il joue à la perfection. Il n'est pas intelligent, il le sait, mais c'est un débrouillard. Lee Van Cleef, c'est une gueule ! Reste Clint Eastwood. Clint, c'est avant tout une présence inégalable, un regard expressif. Sa seule qualité est d'être un peu plus malin. Il ne se berce d'aucune illusion, c'est peut-être là son seul côté inhumain, celui qui fait de lui un héros. Homme / Humain j'aurais employé ces mots à de multiples reprises. Mais quoi de plus normal : c'est là la force des films de Sergio Leone, il place l'homme au coeur des débats comme disent les politiques en campagne électorale. Même le trésor reste à dimension humaine. 200.000 dollars, ça ne permettait pas, même à l'époque, d'être le roi du monde, mais juste de quoi s'acheter un ranch et d'en vivre en paix. Bref, ce à quoi rêve tout simplement chacun d'entre nous.