Drôle de petit film. Il me semble que c’est le premier film de Gilles Lellouche derrière la caméra ; et ça se voit un chouïa. Il couine aux entournures. Quelques grosses ficelles pendouillent ici et là.


Le scénario ne fait pas preuve d’une grande subtilité. Parfois il s’autorise des libertés avec le réalisme qui peuvent heurter la lecture, vous sortir littéralement du récit tellement elles sont osées. Notamment, ce final très grossier qui souligne l’heureuse conclusion pour tous les personnages, un à un, forcée, systématique dans des proportions qui frisent le ridicule. De même, l’exposition du cas de chaque personnage en première partie est légèrement laborieuse et donc fastidieuse pour le spectateur.


De fait, le film démarre très doucement, trop doucement. Néanmoins, au final, on aura pu profiter du jeu réjouissant de nombreux comédiens, de quelques scènes assez plaisantes, pleines de percussion. Brinquebalant, le film finit par tout de même procurer du plaisir, celui d’une bonne petite comédie sympathique, pas trop bête, qui sait par petites touches magnifier l’humanité des personnages.


Certes, on aurait aimé pour certains personnages moins de caricature. Benoît Poelvoorde, Virginie Efira pour exemples se coltinent des rôles passablement lourdaux, mais quelques autres relèvent, comme de bons épices, la saveur du film.


Je pense d’abord, avec une très nette évidence, à Philippe Katerine, exceptionnel de drôlerie, tendre et loufoque à la fois dans un personnage qui lui va comme un gant. Il offre un personnage tellement attachant et dont la vis comica repose sur le décalage permanent et une poésie enivrante.


Jean-Hugues Anglade a priori a un rôle cliché lui aussi, mais il parvient à lui donner une épaisseur. Son jeu très naturel, très simple est d’une efficacité désarmante.


Je pourrais dire la même chose de Guillaume Canet, un comédien qui ne m’inspire pas grand chose le plupart du temps et qui m’a bluffé dans ce film. Très sûr, il parvient à rendre sympathique un personnage à la violence débordante, mal contenue. Il ne verse jamais dans le caricature justement. L’équilibre reste parfait.


Finalement, cette histoire un peu convenue qui ressemble à tant d’autres films de groupe (se resserrant sur un objectif commun pour que chaque membre paumé se retrouve individuellement), cette histoire réussit à se singulariser, à se distinguer grâce à quelques personnages bien dessinés, justes. La générosité du scénario finit tant bien que mal pour irriguer tout le film et à se communiquer auprès du public.


http://alligatographe.blogspot.com/2018/12/grand-bain-lellouche-katerine.html

Alligator
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le 11 déc. 2018

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