Si je débute ce billet d’humeur en évoquant la glissade de Legolas sur le bouclier dans les deux tours, ou la balade en rafting de la désolation Smaug, vous avez, j’imagine, une idée assez précise de ces moments de gêne qui venaient gâcher notre plaisir au cours du visionnage des chapitres précédents de la saga Jackson. L’avantage, c’était que ces scènes étaient relativement rapides et n’empiétaient pas (trop) sur le plaisir général de l’ensemble. Enfin, surtout pour les deux tours.

Cette fois, ce sont près de 144 minutes d’étalement des (jusque là fulgurantes) outrances Jacksoniennes les plus embarrassantes. 144 minutes de gestuelles héroïques ridicules, d’over-the-top epic badass times qui s’accumulent dans une escalade de non-sens grotesque qui transforment cette conclusion dramatique d’une trilogie ratée en parodie grossière de ce que fut pour nous le Seigneur des Anneaux.

Epique, épique, et les collègues rament

Si, dans quelques années, on apprenait que Peter Jackson était mort peu après son King Kong et avait été remplacé par un sosie (d’ailleurs raté parce que beaucoup trop maigre), je ne m’en montrerai pas autrement surpris.
Ça donnerait surtout une explication solide au fait qu’un sale type sans talent ni inspiration ait donné une suite (artistique) aussi ratée à son travail original.
J’ai presque envie de dire que la prélogie Star Wars est un bijou comparativement à cette suite Hobbiesque, tellement cette bataille finale représente une copie creuse et dénuée de toute substance de LOTR.
Voyez comme la colère m’égare.
Je ne retirerai pas un point à ma moyenne (8) sur la trilogie originale, et envisagerai par contre à présent de descendre celle (autour de 4) de cette suite.

Peter Jackson 2 a donc pondu un brouet infâme qui n’a que l’apparence des terres du milieux, un univers faux (ou sont passés les décors magnifiques de Nouvelle-Zélande ?) peuplés de nains au look hard-rockeurs des années 80, (http://www.vs-webzine.com/imgitw/manowarofsteelpanther.jpg ou tiens, encore mieux: http://www.metal-archives.com/images/8/3/83_photo.jpg?3911) englué dans une musique insipide et enterré par un scénario sans âme ni éclat, ni même humour.
Une sorte de worst-of des épisodes précédents, dont chaque seconde nous rappelle douloureusement un plaisir déjà vécu et malheureusement bien lointain.

Les bases fan se sont émues que la franchise de George Lucas puisse avoir été reprise par Disney. Ce que Jackson a fait subir à son œuvre est pire: un peu comme si Tolkien avait été remixé à la sauce Hanna-Barbera des années 80.
Une seule chose, finalement, n’a pas changé depuis la communauté de l’anneau: la salle rit souvent. Mais cette fois, c’est parce que c’est ridicule.
guyness

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