Vous allez sur le plateau, vous improvisez, vous avez toutes ces scènes compliquées à faire, sans storyboard (...) J'ai passé tellement de temps à me dire que je n'avais pas le contrôle - Peter Jackson sur la trilogie du Hobbit



Après l'adaptation des six premiers chapitres du Hobbit, une adaptation et un film assez moyen, mais qui n'est pas mauvais, voici la suite de l'aventure de Bilbo (ou pas). Ce film qui adapte les chapitres 7 à 14 du livre est un film très difficile à juger lorsque l'on a lu le livre. Comme expliqué dans ma critique du premier film, (que je vous invite à aller lire si ce n'est pas fait puisque j'y ferais référence plusieurs fois dans celle-ci) je ne suis pas contre les adaptations, ni contre des changements au scénario ou des choses manquantes au scénario, tant que le scénario en lui-même tient la route. Après tout quand on cherche la définition d'adaptation sur google on tombe sur celle-ci:



Transformation (d'une œuvre narrative) qui ne conserve que la substance du récit.



Cependant est-ce que cette adaptation conserve la substance du récit ? Je n'en suis pas si sûr. Alors qu'est-ce qui me fait dire ça ? Puisque je me sens d'humeur à rendre cette critique un peu plus ludique, je vous laisse deviner avant de continuer cette critique (ou pas) rien qu'en regardant l'affiche du film, qui est assez représentative de celui-ci et du principal problème que j'ai avec.


Vous avez trouvé ? Non ? Je vous donne un indice, le titre du Hobbit écrit en grand, mais le hobbit qui est tout petit. Alors certes les hobbits sont très petits, mais c'est pas ça mon problème. J'ai vu beaucoup de personnes dans les critiques de ce film le défendre par "Il ne faut pas oublier qu'à la base, c'est une histoire pour enfants" et j'ai envie de dire oui, mais à la base, c'est aussi l'histoire de Bilbo. C'est un peu pour ça que le Hobbit, c'est le titre, c'est l'essence même du livre à laquelle pour moi l'adaptation ne peut pas se dérober. Là, on se retrouve sur un film de trois heures (j'ai vu la version longue) où Bilbo a seulement 34 minutes de temps à l'écran. Mais attendez ce n'est pas tout, le sous-titre est quand même très petit sur l'affiche vous ne trouvez pas ? Bah, pourtant, figurez-vous que Benedict Cumberbatch dans le rôle de Smaug lui a 48 minutes d'écran. Alors après certes, il joue très bien son rôle et le dragon est assez bien fait, mais à l'image du film, je trouve que c'est en faire trop. Déjà que Bilbo est très peu présent dans ce film, mais en plus dans presque chacune de ses scènes, il se fait voler la vedette.


Vous pourrez d'ailleurs voir en cliquant ici une image que je trouve fort intéressante quant à la répartition des dialogues


Alors certes vous pourriez me dire que ça reste une adaptation, (chose que je pourrais également répondre à ceux qui disent que de base, c'est une histoire pour enfant afin de défendre les scènes d'action gargantuesques du film, mais j'y reviendrais plus tard) mais le prologue du premier film qui est une invention de Jackson, où Bilbo commence à écrire son histoire, ça sert à quoi si ce n'est, nous faire comprendre que l'on va suivre son histoire? Là, on suit l'histoire de la troupe de Thorin avec Bilbo presque relayé au rang de personnage secondaire, ah oui et aussi les aventures de Gandalf à Dol Guldur. Dans le livre vraiment le centre de l'histoire, c'est Bilbo et quand Bilbo n'est pas avec les autres, on ne sait pas ce que font les autres. Pour moi, là, on est encore sur un problème qui naît de la volonté de Jackson de vouloir faire du seigneur des anneaux. Sauf que voilà dans le seigneur des anneaux, la quête de Frodon fait parti de l'histoire mais elle n'est pas l'histoire en elle-même tandis que dans le Hobbit la quête de Bilbo c'est l'histoire. Bon après je ne vais pas m'éterniser plus que ça sur ce sujet parce que je pense que vous avez compris d'autant que j'ai encore pas mal de choses à dire. (et non pas que du négatif.)


Déjà, je ne suis toujours pas réconcilié avec le format des films. Trois films ça reste trop pour moi surtout en voyant que ce film supprime plus de la moitié des chapitres qu'il adapte du coup, on se retrouve avec des scènes d'action à rallonge rendues absolument indigestes par l'abus d'effets spéciaux, à l'image de la scène que j'avais détesté dans le premier sauf que c'est ça pour une bonne moitié du film. Alors certes, Peter Jackson ne perd pas son objectif de vue qui était de faire une trilogie aussi épic que le seigneur des anneaux, et c'est encore réussit mais là honnêtement il a péter un câble c'est pas possible, à défaut de partir dans l'épic il est parti dans le gargantuesque chose à laquelle je ne suis pas du tout réceptif. Beaucoup excusent ce ton un peu moins grave et beaucoup plus fou que la trilogie du seigneur des anneaux par le fait que, comme expliquer précédemment, de base, il s'agissait d'une histoire pour enfants. Cette justification pour moi ne marche pas pour deux raisons :


Premièrement, même si le livre est un livre pour enfant, il s'inclue tout de même parfaitement dans l'univers de la terre du milieu. Tandis que dans l'adaptation, on tombe presque dans la caricature et cette outrance des scènes d'action ne semble pas aussi crédible.


Deuxièmement, c'est une adaptation, Peter Jackson avait déjà réalisé le seigneur des anneaux et il disait vouloir faire du Hobbit quelque chose d'aussi épic donc cette comparaison entre le ton du film est du livre est pour moi une excuse facile.


D'ailleurs Peter Jackson tend quand même vraiment le bâton pour se faire battre quand la majorité de ses ajouts au scénario de base du livre semblent être des réécritures du seigneur des anneaux. C'était le cas du premier et celui-ci n'y échappe pas non plus, mais j'y reviendrais un peu plus tard dans la critique. Pour l'instant, je vais comparer un peu l'adaptation au livre comme lors de ma première critique, mais ça restera léger puisqu'il n'y a pas grand chose à comparer.


Déjà, le personnage de Beorn est totalement raté dans l'adaptation. Un signe de ça c'est qu'en lisant le livre, je pensais qu'il n'était pas dans le film, et oublier un personnage de film pour moi ça veut dire beaucoup sur lui et ça ne m'arrive vraiment pas souvent. En revoyant le film je me suis souvenu pourquoi, déjà je n'aime pas le costume pour lequel ils sont partis, on dirait Teen Wolf sérieusement, ils ont tenté de lui donner une histoire plus développée que dans le livre et c'était une bonne idée mais le personnage en lui-même est juste pas suffisamment intéressant pour qu'on y accroche.


Ensuite, vient tout le travail autour de Mirkwood, mon chapitre préféré du livre. Il s'agit ici uniquement de ma préférence, mais je n'aime pas du tout les choix fait par cette adaptation. Mirkwood dans le livre est très sombre, même de jour, on y voit pas très clair, dans la noirceur, on y voit des yeux luisants de toutes sortes sans savoir quel animal les produit avec des toiles qui pendent d'arbre en arbre. La nuit, il fait plus noir que noir, si vous allumez un feu, vous attirez toutes sortes d'insectes au point qu'il est préférable de rester dans le noir avec ces yeux luisant tout autour de vous et si vous quittez le chemin, les araignées auront votre peau. Des elfes mystérieux qui disparaissent dès qu'on les approche... Comment l'ambiance à été retranscrite dans le film ? On a une forêt morte, en somme assez basique, bien éclairée avec un filtre bleuâtre, une rivière enchantée qui met tous les protagonistes sous LSD et des araignées. Alors oui, c'est une adaptation, mais là, je ne peux que constater ce que le film a perdu. J'ai par contre des commentaires plus objectifs à émettre sur ce passage. La notion de temps et d'espace dans ce film est ratée et la première occurrence de cela apparaît dans la forêt. Impossible de dire combien de temps, ils sont restés dans la forêt, ils ne semblent pas y avoir passé plus d'une journée (dans le livre ils y passent facile plus d'un mois) puisqu'on ne les voit pas s'arrêter à un seul moment ni même la nuit tomber. Ca serait quand même un sacré exploit. Les dimensions de la forêt semble pourtant être les mêmes que dans l'imaginaire de Tolkien, en effet Gandalf dit que pour contourner au nord, il faudrait faire un détour de plus de 300km et deux fois plus au sud ce qui correspond aux cartes de Tolkien seulement voilà elle fait 400km de large. Donc cette très chère troupe deux fois moins grande que des hommes marche apparemment 4 fois plus vite non-stop sur 24 heures. Bon bien sûr là, j'exagère en allant dans le détail, mais il y a quand même un problème indéniable sur la notion de temps et d'espace dans ce film, j'irais même jusqu'à dire que la narration est décousue et pas toujours cohérente sur la vitesse de déplacement de certains personnages: Bolg, Gandalf...bref Game of Thrones saison 7 quoi. Sur ce point-là le film précédent était beaucoup mieux et c'est une des raisons pour lesquelles je le trouve meilleur que celui-ci. Ensuite, vient la scène des araignées qui est vraiment le grand moment du livre pour Bilbo où il montre réellement son côté aventurier et son intelligence. D'ailleurs il révèle aux nains qu'il possède l'anneau juste après mais au final ils ont donné tout ça à Legolas et Tauriel avec des scènes d'action beaucoup moins intéressantes que la résolution du livre et les nains n'apprennent jamais qu'il a l'anneau. Bah oui, forcément, comme je l'avais dit dans ma critique du premier, il a déjà accompli son acte héroïque donc plus besoin, il faut juste l'emmener à la montagne. (où la encore son héroïsme du livre sera étouffé par les autres personnages.)


Tout n'est pas à jeter cependant, l'idée de montrer la corruption de l'anneau est bien et de faire figurer Legolas dans le film aussi même si sa présence s'éternise bien plus que nécessaire, mais Peter Jackson semble avoir du mal à se défaire de son seigneur des anneaux, il a certainement lui aussi été corrompu par le pouvoir de l'anneau.


Parlons maintenant de Tauriel. Le livre contient très peu de personnages feminin, c'est vrai, voir pas du tout, il n'est donc pas étonnant de voir cet ajout aux personnages seulement pourquoi faut-il forcément romancer le seul personnage féminin? Encore si cette romance était bien, je ne dis pas, mais elle tombe non seulement dans le cliché, mais en plus rappel énormément Aragorn et Arwen. Ah oui, mais la, c'est un triangle amoureux donc c'est unique, ah bah non en fait Aragorn aussi avec Eowyn. Du coup comme dans beaucoup des ajouts de Peter Jackson, on tombe dans la réécriture, moins bonne, du seigneur des anneaux. Non mais sérieusement Kili et Tauriel ont au moins chacun plus de 100 ans et ils tombent amoureux comme des adolescents. C'est vrai qu'un siècle de tradition c'est balayé au regard du premier grand nain venu et puis après, il lui parle de sa mère, d'étoiles et de pierre gravée, difficile de résister je comprends.


Puis vient ensuite la scène de la rivière où Legolas en mode Brice de nice va tuer des orcs à la douzaine. Cette scène déjà de base avait aucune chance de me plaire, mais encore moins une fois que j'en ai vu la réalisation. Le film est filmé entièrement pour la 4K et allez savoir pourquoi, sur deux plans, Peter Jackson à décidé de filmer avec une gopro, ce qui donne deux qualités d'image différentes qui ne correspondent pas et m'a totalement sorti de l'action. Et quand ce n'est pas de la gopro, c'est des images de synthèse qui selon moi tuent l'action de la scène. Pour les yeux moins avertis ça peut passer, pour les plus perspicaces, c'est laid et un choix incompréhensible de la part d'un bon réalisateur comme Peter Jackson. Pour ceux d'entre vous qui ne les auraient pas remarqués, je vous joins le lien.


Les plans en questions sont pendant les 20 premières secondes


Je ne vais même pas parler du maître et de son servant qui sont purement caricaturaux et totalement grotesques.


Tout n'est pas à jeter dans ce film pour autant, cette adaptation a quelques bonnes idées, parfois meilleures que le livre comme par exemple de faire de l'Arkenstone la raison de la présence de Bilbo. Dans le livre, il est supposé voler tout le trésor, mais comme il le dit ça lui prendrait plus d'un siècle alors dans le film où ils ont été vraiment américain sur les quantités d'or ça aurait pris 10 siècles. Par contre, grosse deception que Jackson essaye d'en faire un anneau bis qui lui aussi corrompt, je ne suis pas contre donner des propriétées à l'Arkenstone, mais quitte à le faire, il faudrait essayer d'être plus original. Autre point fort le développement de Bard. C'est vrai que dans le livre, il arrive un peu comme un cheveu sur la soupe, mais je trouve dommage qu'il ne soit pas allé dans quelque chose différent du livre. Et oui comme quoi que je n'attends pas qu'une copie du livre. Je m'explique, Bard est le personnage ayant inspiré à Tolkien Aragorn, dans le livre ça passe parce que justement il est très peu présent, mais dans l'adaptation vu que Peter Jackson est allé dans la direction du livre, le fait de développer plus Bard ne le rend que d'autant plus similaire à Aragorn ce qui est dommage. J'aimerais aussi revenir sur mes propos quant aux scènes de Dol Guldur dans ma première critique, elles sont pour moi les meilleures scènes du film voir de la trilogie jusqu'à maintenant, seulement voilà, même si je suis prêt à reconnaître que ça relève un peu le film pour moi, ça n'en fait pas une meilleure adaptation puisqu'il n'y a pas de comparaison possible avec le livre étant donné que c'est propre au film. Le casting est toujours aussi pertinent et le ton un peu plus sombre de ce film que le précédent est agréable. La rencontre avec Smaug est assez intéressante mais ça m'a ennuyé à partir du moment de la course-poursuite . Ce dragon a pris la montagne quand il y avait encore des armées de nains, et là il n'arrive pas à attraper un seul des nains ce qui m'amène à ce qui sera mon dernier point et pas des moindres car il est pour moi une des raisons pour lesquelles ce film est moins bien que le précédent.


On ne s'inquiète pas du tout pour les personnages, les scènes sont tellement frénétiques en action que les difficultés des personnages se résolvent quasiment instantanément ce qui ne laisse tout simplement pas le temps au spectateur de réellement ressentir de l'inquiétude. La seule exception, c'est l'empoisonnement de Kili (car oui, on sait que Gandalf survit et on l'a déjà vu mourir une fois donc bon) et même ça ce n'est pas suffisant parce que son seul trait de personalité, c'est cette histoire d'amour à trois sous et au final sa blessure est guérie avec une facilité déroutante. Le premier film n'était pas non plus exceptionnel sur ce point, mais demeurait tout de même plus réussit.


Pour conclure, on a donc ici pour moi un film qui est un meilleur film qu'il n'est une adaptation cependant, à défaut de réellement ressentir des choses durant ce film pour les personnages, j'ai plus souvent ressentit de la déception que ce soit par rapport à l'adaptation, les proportions gargantuesques de l'action de ce film et les effets spéciaux que je trouvais encore une fois à plusieurs moments assez amateur et pour moi tout laisse à penser que, comme les mots de Peter Jackson l'ont indiqué, beaucoup de ce film à été improvisé sans réel plan de route et on se retrouve donc avec une narration assez décousue, mais plus encore un film que devrait juste s'appeller Smaug. J'ai très peur pour le prochain film sachant qu'il adapte seulement une cinquantaine de pages, je crains donc le vide narratif pour des scènes de bataille incessantes.


Ma critique du livre Le Hobbit


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Ma critique du film Le Hobbit: La Bataille des cinq armées

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le 11 déc. 2020

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