Le cruel gouverneur espagnol Rafael Montero s'apprête à quitter la Californie envahie par les mexicains.Mais avant de partir il parvient à identifier son ennemi juré,le justicier masqué Zorro,comme étant Don Diego de la Vega,un noble local.L'arrestation est musclée car Diego résiste,et sa femme est tuée accidentellement lors de l'opération,au grand dam de Montero qui est fou amoureux d'elle.En désespoir de cause il brûle la propriété,envoie Zorro en prison et kidnappe Elena,le bébé de Diego et Esperanza,qu'il élèvera comme son enfant.Vingt ans plus tard il revient,accompagné d'Elena devenue une belle jeune femme, avec l'intention de régner sur une Californie qu'il veut acheter au Mexique.C'est le moment que choisit Zorro pour s'évader de taule et former au maniement de l'épée le jeune Alejandro,un voleur dont il veut faire son successeur.L'heure des règlements de comptes a sonné.Il était difficile en 98 d'apporter un renouveau au mythe de Zorro,bien essoré par une longue série télé et beaucoup de films peu convaincants.Pourtant l'équipe en charge du dossier est parvenue de belle manière à réactiver cette histoire qu'on pensait usée jusqu'à la corde.Déjà c'est techniquement une grande réussite.Martin Campbell,réalisateur rompu aux blockbusters à qui l'on doit notamment deux "James Bond",signe une mise en scène de classe et enchaîne sans répit des scènes dynamiques shootées avec virtuosité sans perdre en route une implacable maîtrise narrative.Il s'appuie sur la formidable direction artistique de Michael Atwell,secondé par Lisa Thompson et ses superbes décors ainsi que Graciela Mazon et ses chatoyants costumes.La magnifique photo de Phil Meheux rend parfaitement justice à l'ensemble et la musique de James Horner,ne pas confondre avec Yvette,imprègne idéalement l'action.Quant aux cascades,elles sont absolument excitantes,avec des combats originaux chorégraphiés à merveille,parfois même un peu trop car ça ressemble souvent à du kung-fu version Hong Kong.Et puis il y a ce scénario original et astucieux de Ted Elliott et Terry Rossio qui donne une seconde jeunesse aux aventures du Renard.On nous présente ici un Zorro vieillissant,puis carrément âgé,qui subit des épreuves horribles et se voit contraint de passer la main à plus jeune que lui pour assouvir sa vengeance,le héros du film n'étant finalement pas le vrai Zorro.D'autre part l'histoire est pleine de rebondissements inattendus et l'idée d'espacer de vingt ans les évènements amène un poids tragique qui renforce l'épaisseur de l'intrigue et des personnages,tout s'imbriquant à la longue de manière subtile,tandis que les protagonistes dissimulent tous quelque chose et ont de nombreuses facettes.Et tout ça sans perdre l'ADN de toujours,la lutte d'un mystérieux cavalier défendant les opprimés face à un pouvoir inique.De plus les méchants ne sont pas des marionnettes faciles à vaincre.Leur psychologie est aussi développée que celle des héros et leur dangerosité bien réelle,au point que beaucoup de personnages,et pas des moindres,vont perdre la vie dans cette histoire,la violence étant parfois montrée frontalement.On se paie même le luxe d'introduire un peu d'érotisme,et les scènes de danse et de combat entre Alejandro et Elena sont torrides.Du très bon ciné d'aventures américain,bien que le réalisateur soit néo-zélandais et les principaux acteurs espagnol,gallois ou anglais.En revanche c'est produit par Amblin Entertainment,donc par Spielberg.Tout juste peut-on regretter quelques détails du script pas vraiment cohérents,comme le fait que Diego s'échappe aussi facilement de cette geôle où il est resté enfermé si longtemps.Que ne l'a-t-il fait avant?Ou encore la scène où Montero dévisage de la Vega dans sa prison sans le reconnaître alors que le spectateur,lui,l'identifie illico.On pourrait aussi gloser sur la rapide récupération physique de Zorro une fois dehors,surtout pour un homme assez âgé,ou la vitesse d'apprentissage d'Alejandro qui,après quelques leçons d'escrime hardcore en mode Van Damme dans "Kickboxer" devient un bretteur redoutable en peu de temps alors qu'il ne savait pas tenir une épée.Mais bon,tout ça est emporté dans l'énergie et l'efficacité de l'action.Les comédiens sont au top et se sont visiblement astreints à une préparation conséquente car,même s'ils sont à l'occasion doublés,ils accomplissent de jolies performances d'escrimeurs,de cavaliers et de cascadeurs.Antonio Banderas est très à l'aise dans ce rôle physique à transformations et se montre aussi crédible en bandit loqueteux qu'en gentilhomme castillan ou en justicier bondissant.Anthony Hopkins fait de son côté étalage de son autorité naturelle et de sa grande justesse de jeu,tandis que Catherine Zeta-Jones,belle à tomber,est une Elena lumineuse.Stuart Wilson incarne parfaitement la duplicité d'un personnage obsédé par des rêves de grandeur dont il n'a pas l'envergure et Matt Letscher est impressionnant dans la peau du Capitaine Love,le mal nommé,un militaire sadique et sans scrupule.Et il y a en prime de petites apparitions de l'excellent vétéran L.Q. Jones,savoureux interprète du truculent Jack Trois Doigts.

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le 30 nov. 2020

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