Défense équitable

Steven Spielberg rate un film sur deux ces dernières années. Du moins, il déçoit ses fans tous les deux films. Après l’excellent Lincoln, sorti en 2013 et qui a valu un Oscar du meilleur acteur à Daniel Day Lewis, le réalisateur revient avec un thriller d’espionnage sur fond de Guerre Froide. En se fiant à la statistique officieuse, ce Pont des espions laissait donc redouter le millésime loupé.

Force est de constater, dès les premières minutes, que la patte du maître n’a rien perdu de sa superbe. Les images et l’ambiance – l’action se déroule dans les années 1950 et 1960 – sont parfaitement retranscrites, ce qui permet de une parfaite immersion dans la paranoïa américaine de l’époque. L’histoire, elle, est vraie, forte.

Hélas, la Guerre Froide en toile de fond, au lieu d’être une force, devient une faiblesse. Pour cause: les personnages sont investis d’une charge trop manichéenne et patriotique. Les Etats-Unis et leurs valeurs sont érigés en bien absolu face à une URSS faisant figure d’antre démoniaque. Même si le personnage de James Donovan, sobrement interprété par Tom Hanks, évolue à contre-courant du reste de sa nation, les valeurs qu’il défend ne contribuent qu’à illuminer davantage la pureté des idéaux américains. Dommage, car son duo avec l’espion russe – seul protagoniste ambivalent -, Udolf Abel (Mark Rylance, absolument parfait) est un véritable atout. Leur alchimie est réjouissante.

Thriller historique sans véritable tension, Le Pont des Espions nous laisse un peu de glace (ou de Glasnost), mais a le mérite de nous faire vivre une page d’histoire. En attendant le prochain film de Spielberg. Qui devrait donc être un bon cru…