oct 2011:

Dans la série des cinq films planétosingiens, ce deuxième opus est encore potable, mais souffre de quelques scories qui l'empêchent d'accéder au grandiose de son prédécesseur. Après avoir découvert le premier grand secret de la planète des singes (à savoir qu'elle est notre bonne vieille Terre), on apprend ici qu'elle n'est pas uniquement habitée par des singes parleurs mais également par des humains intelligents, terme sans doute pas tout à fait approprié pour caractériser ces pathétiques télépathes peu athlétiques. Encore une fois, la série montre la vaine attitude dévote, du côté des hommes comme des singes et qui engendre une nouvelle apocalypse.

Cet épisode est dans la droite ligne du premier. Par le biais d'un nouvel astronaute, nous suivons les traces de Taylor (Charlton Heston) après sa découverte de la statue de la liberté. Pendant un long moment, on revit un peu trop le même parcours : la découverte du monde simiesque par Brent (James Franciscus) ; la beauté hâlée de Nova (Linda Harrison) faisant figure de potiche tellement sexy mais aussi tellement muette (sans doute le modèle féminin rêvé par tant de machos) ; la chasse à l'homme par les gorilles.

Le film s'émancipe alors de ce schéma en explorant la cité humaine enfouie. Par bien des aspects esthétiques, cette progression m'a souvent rappelé les périples de Blake et Mortimer dans "L'énigme de l'Atlantide" ou "Le piège diabolique", de formidables, mais très vieillies bédés d'aventures sf que l'on doit à Edgar P. Jacobs : le monde souterrain, l'architecture contemporaine réappropriée par les générations futures montrant le gouffre dans lequel le héros se retrouve happé. Il y a là un basculement vertigineux, fascination qui m'avait cueilli lors de mes lectures de Jacobs autant que devant ce film et qu'on retrouve dans une moindre mesure dans la série télé de la planète des singes qui reprend souvent ce décalage.

Quelques plans très généraux laissent voir de façon un peu trop voyante (surtout dans l'édition sans pitié du blu-ray) les vieux trucs des effets visuels, notamment le matte-painting un peu grossier.

A ce propos, je soulignais la férocité du blu-ray par rapport aux maquillages dans le premier opus, c'est encore plus criant pour celui-là, même si je n'imagine pas que la production ait eu grandement à souffrir d'une baisse de budget (m'enfin, je conjecture, là).

Le film est un peu mal foutu, pas très bien écrit, parfois trop long et ne permet pas aux acteurs de briller.
Kim Hunter est sur la continuité.
Charlton Heston est beaucoup moins présent.
On pourrait se lancer a priori dans une moquerie un peu méchante à l'encontre de James Franciscus, avec sa tête de playboy blondinet et ses biceps luisants, mais je ne sais pas pourquoi, je trouve que dans le pauvre registre qui lui est alloué, il fait sagement son boulot. Bref, pas d'agitation particulière du côté de l'interprétation, ni en bien, ni en mal.

Seule la petite balade dans New-York enfouie m'a bien plu, convoquant les cauchemars croquignolesques de la SF de papa, avec le carton pâte et les décors factices de la série B, au mieux tout cela peut être charmant. Le reste est assez peu intéressant.
Alligator
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le 19 avr. 2013

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