Racisme, flatulences et schnitzengruben

À l'origine confié à Alan Arkin, le projet Blazing Saddles est finalement récupéré par Mel Brooks qui s'immisce dans la production chaotique de ce western parodique instauré par le scénariste débutant Andrew Bergman. Et c'est bien là le souci : confectionné dans un bordel sans nom, chacun des cinq scénaristes imposant ses idées tandis que les exécutifs du studio souhaitaient peu à peu annuler la production, le long-métrage souffre d'une narration morcelée et d'un humour de temps à autre difficilement accessible ou très pauvre.

Peuplé de nombreuses scénettes et meublé par des passages musicaux aussi entrainants que ralentissant considérablement le rythme du film, le scénario manque de consistance, de fil conducteur maitrisé, accumulant trop de personnages pour s'éloigner malheureusement de son sujet initial : l'arrivée d'un shérif noir astucieux et débrouillard dans une petite bourgade de l'ouest. Et si le méconnu Cleavon Little campe avec malice le héros-titre, son comparse (interprété par Gene Wilder) s'avère bien sous-exploité tandis que la myriade de personnages secondaires peinent à s'imposer correctement à l'écran.

L'intrigue ne se réveille donc que dans la dernière partie, le reste n'étant que du remplissage certes parfois rigolo mais pas vraiment mémorable. En définitive enjoué, irrévérencieux et truffé de gags pour le moins inventifs allant d'anachronismes bienvenus à des comiques de répétitions régulés en passant par une foule de passages où le quatrième mur est brisé (notamment lors d'un final unique en son genre), Blazing Saddles reste une comédie aussi acerbe qu'inégale, que l'on re-regarde avec plaisir mais beaucoup moins que les autres longs-métrages de sieur Brooks.