Il est paradoxal qu’une œuvre axée sur la représentation du syndrome de Stendhal suscite aussi peu l’envie de se perdre en elle, tant sa construction par superposition de réalités comme des touches de peinture sur une toile échoue à faire oublier son artificialité congénitale. Il y a quelque chose de trop programmatique là-dedans, un automatisme de construction qui se plaît tant à brouiller les repères spatiaux et temporels qu’il oublie comment raconter une histoire. En résulte un film qui intrigue pendant son premier quart d’heure puis qui répète inlassablement un schéma jusqu’à l’épuisement – et non pas la nausée. Les recherches esthétiques menées par Dario Argento investissent un numérique impropre à les modéliser, sinon pour accentuer une impression générale d’étrangeté qui devient vite autotélique, sans dire quoi que ce soit ni sur son personnage principal ni sur le syndrome dont elle souffre. Nous restons face aux tableaux, sans jamais les pénétrer. Seule vaut, en fin de compte, la partition de feu Ennio Morricone qui explore la dissonance instrumentale et la cacophonie des voix pour un résultat envoûtant. Le Syndrome de Stendhal constitue donc un bien petit film pour un si grand maître de l’épouvante.

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le 6 juil. 2020

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