En 1979, d’après l’œuvre de Günter Grass, Volker Schlöndorff accouche du « Tambour ».
Synopsis : Dantzig, fin des années 1920. Oskar, 3 ans, décide de ne plus grandir.
Les scénaristes Jean-Claude Carrière (assistant-réalisateur sur « Mon oncle », il sera le complice des Buñuel, Deray, Forman…) et Schlöndorff ancrent leur histoire dans le contexte politique de la Pologne, la montée du nazisme, le tout entrecoupé d’images d’archives.
Très bien documenté, « Le tambour », film de guerre qui dénonce la guerre à travers les yeux d’Oskar, est mené avec dextérité, mystère et romantisme. L’onirisme pointe même son nez à travers la musique de Maurice Jarre (« Les yeux sans visage », « Le docteur Jivago », « L’homme qui voulut être roi », « Ghost » …) qui nous fait sortir du métrage sans qu’on s’en aperçoive. Dommage… On raccroche grâce à la Grande Histoire, la 2nde Guerre Mondiale bigrement bien retranscrite dans cette Pologne des années 1930. Un travail d’orfèvre de la part du duo Schlöndorff/Carrière qui mettent un point d’honneur à raconter l’univers dans lequel Oskar grandit.
Un film de guerre mystérieux pour ainsi dire.
Dans la peau d’Oskar : David Bennent, fils du célèbre acteur allemand Heinz (« Section spéciale », « Possession », « Une femme française » de Wargnier…). Charismatique, il tient le film à lui tout seul. A seulement treize ans, il tient son premier grand rôle. Mais quel rôle ! Avec son tambour qui le suit dans sa vie de tous les jours, David se fait l’apanage du film, impressionne et avec un tel personnage (son tambour, ses cris qui cassent le verre et les métaux précieux) arrive à nous décrire la guerre qu’il voit de ses propres yeux. A travers sa voix (la narration du film), Schlöndorff s’égare et n’arrive pas à nous maintenir à flot. Dommage car la prestation de David Bennent (vu dans « Legend » de Ridley Scott et « Michael Kohlhaas » au cinéma, il demeure un véritable acteur de théâtre) vaut de l’or à elle seule. Belle pioche, Volker !
A ses côtés, les deux pères sont respectivement incarnés par Daniel Obrychski et Mario Adorf, tous les deux convaincants à souhait. « Les uns et les autres », « Le décalogue » pour l’un et « Major Dundee », « Le pacte Holcroft » (de John Frankenheimer) pour l’autre.
Viennent ensuite des seconds couteaux d’envergure pour customiser « Le tambour » en un film de guerre réel qui prend tout son sens. Katharina Thalbach (« Le choix de Sophie » d’Alan J. Pakula), cousine et premier amour d’Oskar, et Charles Aznavour (l’éternel chanteur arménien de « J’me voyais déjà »), un vendeur juif de Dantzig, subissant les agissements des nazis, livrent une belle interprétation.
Notons également la présence d’Andrea Ferreol et d’Heinz Bennent qui se retrouveront dans « Le dernier métro ».
Finalement, le metteur en scène Volker Schlöndorff (un des chefs de file de la Nouvelle Vague allemande aux côtés des Fassbinder et Wenders. « Les désarrois de l’élève Toerless », « L’Allemagne en automne », et plus récemment « Diplomatie ») distille un film de guerre atypique (par son ton, son montage alambiqué) et finalement beaucoup trop long.
Préférons l’autre Palme d’Or 1979 pour son réalisme et la folie de la guerre. Non pas que Schlöndorff ait mitonné un mauvais film mais le sujet qu’il tenait aurait eu le mérite d’être mis en avant d’une façon différente (désolé Monsieur Jarre, mais je n’ai pas adhéré à votre onirisme). Également, Schlöndorff s’égare dans un romantisme et des scènes nues qui plombent l’ensemble. Je ne remets pas en cause l’Oscar du meilleur film étranger (1980) mais plutôt sa stature dans le monde du cinéma d’aujourd’hui. Entre « Platoon », « Apocalypse now » ou même « Le pianiste », « Le tambour » est à des lieues d’être cité comme un chef d’œuvre.
Pour conclure, « Die Blechtrommel » (1979) restera ce film de guerre atypique et mystérieux récompensé de la plus noble récompense (la Palme d’Or) et donc de se faire estampiller chef d’œuvre.
Accord parental souhaitable.
Spectateurs, pour David Bennent, ne restez pas de glace. Merci !