Pour ma première "critique" je m'attaque ici au maître incontesté de l’animation nippone Hayao Miyazaki, et à son ultime œuvre, "Le vent se lève". Jeune inconscient que je suis, je n'ai pas l'audace de critiquer le talent monstre du cinéaste japonais mais juste de donner mon ressenti sur le dernier film du réalisateur qui a marqué mon enfance et même plus.
Qu'on soit clair, ici pas de monde mystérieux et envoûtant (Le voyage de Chihiro), pas de créatures merveilleuses (Princesse Mononoké) ni de grosse bébête poilue toute mignonne (Mon voisin Totoro). Dans ce biopic d'animation, Miyazaki s'aventure loin du conte, et prend des risques. En revanche, il reste fidèle (et heureusement) à son thème favori: le rêve. Dans "Le vent se lève", Jiro le héros du film (Jiro Horikoshi, ingénieur japonais bien réel) est un personnage plein d'éveil, de réflexion et de soif de travail, tellement qu'il s'endort à de multiples reprises et à des endroits inattendus pour aller à l'encontre de Gianni Caproni (concepteur d'avion italien) dans ses rêveries. L’imagination du jeune Jiro est alors hantée par ce personnage et le récit est quant à lui mature et adulte.
Par conséquent, c'est un Japon bien réel que nous décrit Hayao avec ses inconvénients. Scènes après scènes, le cinéaste nous montre que ce n'est pas à la fiction qu'il confronte son héros: le grand séisme de 1923 détruisant Tokyo, la crise boursière de 1927 affectant le pays du Soleil levant, et la seconde Guerre Mondiale alliant ce Japon à l'Allemagne nazie. Rien de joyeux là dedans me direz-vous, certes, mais à travers ces évènements et au cours d'une course à l'innovation avec la concurrence mondiale de l'aviation, notre jeune Jiro tombe amoureux et s'éprend d'une jeune femme, atteinte de la tuberculose. C'est là, qu'Hayao Miyazaki innove et surprend.
C'est donc en plongeant dans l'intimité des deux tourtereaux qu'un nouveau souffle est donné au cinéma de Miyazaki. Étrange paradoxe que de donner de nouvelles perspectives à son cinéma dans "Le vent se lève", réussi, alors qu'il constitue sa toute dernière œuvre cinématographique. De plus, il fallait une certaine audace pour mettre à l'écran bon nombre de fumeurs sans que cela ne les affectent. Je ne fais pas l'éloge de l'anti-tabagisme mais cela risque de faire polémique dans certains pays occidentaux.
Voler est un rêve qui appartient à tous, et la guerre manipule ce rêve pour tuer, c'est ce que semble dénoncer le film, à travers la conversation entre Jiro et un voyageur allemand antinazi, entre autres. "Le vent se lève, il faut tenter de vivre" nous disait Paul Valéry, Hayao Miyazaki approuve et nous montre avec ce nouveau souffle rafraichissant, que le vent se lève et emporte tout sur son passage, sauf notre monde merveilleux de l'imagination et du rêve.