Le Vent se lève
7.3
Le Vent se lève

Long-métrage d'animation de Hayao Miyazaki (2013)

Dernier film de Hayao Miyazaki, qui a annoncé prendre sa retraite, c'est une biographie sur Jirō Horikoshi, plus connu pour avoir conçu le bombardier Zéro, très usité par l'armée japonaise durant la Seconde Guerre Mondiale.
C'est un cas très rare dans l'animation de créer un biopic, certes à la sauce de son auteur, mais on y perçoit le cri du cœur pacifiste de Miyazaki, car si Horikoshi crée des avions, c'est juste pour les voir voler, non pas pour servir d'armes mortelles.

Plus réaliste que jamais, et au fond très peu drôle, le film baigne dans une ambiance que l'on sent tendue, avec les effets de la crise mondiale qui se ressentent, la montée du régime nazi qui demande la collaboration du Japon pour son armement, et les dommages collatérales du séisme de Kantô, survenu en 1923, et qui plongera une grande partie du pays dans la pauvreté.
Cette ambiance est contrebalancée par la passion dévorante de Horikoshi pour la conception des avions, et en même temps, les retrouvailles avec une jeune femme qui va marquer sa vie.

Cette femme, Naoko Satomi , Jirō Horikoshi va la sauver, elle et sa sœur, lors de leur première rencontre lors du séisme de 1923. Puis, ils se rencontreront à nouveau des années plus tard, avec une pointe de tragédie à la clé.
Le film, qui parle dans un premier temps du métier harassant de Horikoshi, va basculer dans un second temps sur la romance magnifique qu'il a avec cette jeune femme, et dont l'issue va se révéler....
Entre ces deux parties, on pourrait lier entre eux le vent, cet élément si présent dans le film (à la fois pour faire voler les avions et celui présent dans les scènes avec Naoko), rejoindra totalement le poème de Paul Valéry, qui donne son titre au film, et dont la phrase-clé y est citée plusieurs fois : "Le vent se lève, il faut tenter de vivre".

Ce film est absolument déchirant, où l'on est partagé entre l'envie absolue de perfection de Horikoshi pour son travail (au point qu'il rêve de son travail en rencontrant son mentor italien, les seules scènes un peu irréelles du film), voire une sorte d'égoïsme, et son amour fou pour Naoko, dont il sait qu'il sera bref.
A ma projection, il n'était pas rare de voir des gens pleurer sur certaines scènes, tant on a le cœur serré à la fin du film.

Je ne révèlerais pas la fin du film, mais c'est sur un plan de plaine verte que se clôt la filmographie sans faute de Hayao Miyazaki, avec un sujet sans doute très personnel (l'aviation, la nature), mais qui ne peut laisser de marbre les spectateurs par son universalité.
A noter que pour une raison mystérieuse, plusieurs bruitages du film (les tremblements, les hélices qui tournent, les gouttes d'huiles qui tombent...) sont faits à la bouche ! C'est déstabilisant au départ, car cela se produit aussi bien dans les scènes de rêve que dans la réalité.

Porté par une musique sublime de Joe Hisaishi (le thème principal est somptueux), Le vent se lève fait partie de ces œuvres majeures, et dont on ne peut que regretter qu'il soit le dernier opus d'une filmographie hors normes.

Créée

le 25 janv. 2014

Critique lue 315 fois

Boubakar

Écrit par

Critique lue 315 fois

D'autres avis sur Le Vent se lève

Le Vent se lève
marcusquick
5

Le vent se lève (mais il ne m'a pas emporté!)

J'aurais voulu aimer ce film et pouvoir en dire du bien, mais je dois l'avouer, cette fois ci - et c'est bien la seule - je me suis vraiment ennuyé devant un film de Miyazaki. L'animation, toujours...

le 7 janv. 2014

164 j'aime

18

Le Vent se lève
Fritz_the_Cat
8

Les Ailes du désir

Contrairement à ce que laisse penser sa filmographie, Hayao Miyazaki est un homme qui a les pieds sur terre. Cinéaste intransigeant avec lui-même autant qu'avec ses troupes (voir le sort réservé au...

le 23 janv. 2014

119 j'aime

41

Le Vent se lève
Torpenn
6

Le zéro et l'infini

Aller voir le dernier Miyazaki en salle est depuis longtemps déjà un rituel précieux que la pénurie en dessins animés rend d’autant plus indispensable. Amateur forcené de petits gribouillis qui...

le 7 févr. 2014

110 j'aime

16

Du même critique

Total recall
Boubakar
7

Arnold Strong.

Longtemps attendues, les mémoires de Arnold Schwarzenegger laissent au bout du compte un sentiment mitigé. Sa vie nous est narrée, de son enfance dans un village modeste en Autriche, en passant par...

le 11 nov. 2012

44 j'aime

3

Massacre à la tronçonneuse
Boubakar
3

On tronçonne tout...

(Près de) cinquante ans après les évènements du premier Massacre à la tronçonneuse, des jeunes influenceurs reviennent dans la petite ville du Texas qui est désormais considérée comme fantôme afin de...

le 18 févr. 2022

42 j'aime

Dragon Ball Z : Battle of Gods
Boubakar
3

God save Goku.

Ce nouveau film est situé après la victoire contre Majin Buu, et peu avant la naissance de Pan (la précision a son importance), et met en scène le dieu de la destruction, Bils (proche de bière, en...

le 15 sept. 2013

42 j'aime

9