Premier film de son auteur venu du Kazakhstan, impressionnant de maitrise et de formalisme, il s’interroge sur le darwinisme social au travers de l’expérience d’un jeune garçon, Aslan, qui vit avec sa grand-mère et fréquente un collège où il est mis au ban de ses camarades. Un collège où le racket et la corruption enveniment les relations entre les élèves. Ostracisé par la majorité des élèves, Aslan ourdit patiemment et minutieusement son plan pour se venger. Le film très lent aux longs plans fixes oppose également les mondes de la campagne dans un hameau reculé et de la ville où se situe le collège, donnant l’impression de deux époques différentes, mais aussi les religions chrétienne et musulmane. Travaillant sur l’ellipse (les faits marquants de la dramaturgie ne figurent ainsi pas à l’écran) et le hors-champs, le film s’intéresse d’abord à son petit héros, garçon chétif et mutique, perfectionniste dans l’observation des insectes et des lézards, plongé au cœur d’un univers glaçant, sans foi ni loi. Néanmoins, la longueur du film et son net penchant pour une certaine conceptualisation, dont toutes les clefs ne nous sont pas fournies, ou que plutôt on pressent de ne pas les saisir ou les posséder, peuvent tenir le spectateur à distance, qui, tout en reconnaissant la beauté formelle des plans, ne pourra s’empêcher de s’ennuyer par moments.
PatrickBraganti
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le 5 avr. 2014

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