Quelques cinq années après la fin des aventures du très célèbre Harry Potter, voilà que débarque Les Animaux Fantastiques, jouant un peu le même rôle que le Hobbit pour la trilogie du Seigneur des Anneaux. De quoi est-ce que ça parle exactement ? Newt Scamander ("Norbert Dragonneau" dans sa version française, à croire que si Harry Potter était sorti à cette époque, il se serait plutôt appelé Hervé...), ami des bêtes du monde magique et sorcier britannique, débarque en Amérique pour une quête des plus intrigante. Armé de son courage, de la magie et d'une valise qui semble renfermer bien des secrets, Newt va partir à la découverte d'un monde dans lequel il ne fait pas bon vivre d'être un sorcier. En effet, de mystérieux évènements semblent se produire à New York, et pour couronner le tout, Newt verra le précieux contenu de sa valise s'éparpiller un peu partout à travers la ville. En compagnie de Tina, Queenie et Jacob, Scamander va devoir partir en quête de sa cargaison, le projetant par la même occasion au cœur même d'une sombre machination touchant le monde des sorciers...


Dis comme ça, et avec J.K.Rowling à l'écriture, ça fait méchamment envie. Dans les faits, c'est assez inégal. Le problème de ce film réside surtout dans la compétition des deux trames qui constituent son récit : d'un côté, la découverte des créatures magiques, la véritable mission de Newt Scamander, et de l'autre, un complot impliquant un mage noir et une forme de magie obscure. C'est donc un aspect de franchise qui va s'opposer à un aspect plus original dans le fond, et qui arrive à délivrer son lot de surprises et de contenu dans l'univers du monde de la magie par le biais des créatures magiques, aspect relativement peu développé dans les opus de la saga Harry Potter. Cette opposition se traduira dans une différence de ton très brutale qui s'alterne au cours du récit, sans jamais vraiment trouver un juste milieu, donnant au film une identité un peu bâtarde, et qui se cherche sans cesse. Si les séquences qui servent à justifier le titre du film arrivent à jongler entre surprises, réjouissances et incompréhension, celles concernant la trame de fond pour la saga à venir manquent un peu de mordant et de subtilité, s'ancrant dans une atmosphère bien trop noire pour tenter de contre-balancer l'aspect un peu naïf et magique apporté par la véritable mission de Newt. Ajouté à cela une orgie d'effets numériques recyclée de la saga originelle, des plots twist prévisible, des séquences à l'apparence de money-shot essayant de donner du rythme à des moments improbables, et vous obtenez une soupe pas forcément meilleure que ce que l'on fait à côté. Malgré les touches d'humour et la richesse de l'univers que l'on tente de déployer, tout ceci sonne terriblement creux.


Il y a quand même du bon dans ces Animaux Fantastiques. Qu'on se le dise, le personnage de Newt Scamander crève l'écran dès le moment où la caméra se pose sur lui. Sa maladresse naturelle, son éducation magique atypique, ses contacts auprès de sorciers drôlement célèbre, son mystérieux passé, ses aventures de part le monde... En bref, Newt Scamander est un héros plein de charme qui arrive à tirer son épingle du jeu, campé par un Eddie Redmayne parfait dans le rôle. Le film arrivera même à pousser la métaphore plus loin par le biais de la valise de Newt, véritable jardin secret dans lequel il aime se réfugier, contenant toutes sortes de surprises, sa part d'ombre, et des fragments de son histoire. De plus, le quator de personnages principaux fonctionne plutôt bien dans l'ensemble du film, malgré une première partie un peu hésitante et terriblement molle du genou. On notera également un univers toujours aussi attrayant de complexité, de diversité, et qui, même aujourd'hui, arrive encore à surprendre et à susciter son lot d'interrogations. Tout ceci repose en grande partie sur le travail de la fiction d'origine, mais il faut admettre qu'adapter d'autres aventures de son univers se prête plutôt bien à l'écran.


En bref, un film tout ce qu'il y a de plus moyen, décevant par moments, et qui répond bien tristement à la question : tout ceci était-il vraiment nécessaire ?

Lestiboudois
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le 19 nov. 2016

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