Sur un quai, sous le soleil de Marseille, Michel égraine les noms des vingt salariés tirés au sort et qui vont être licenciés. Il en fait lui-même parti. Mais point de remord : ce syndicaliste de la première heure sait qu'il n'y avait aucune autre solution pour sauver l'entreprise et les autres emplois qui sont majoritairement maintenus.

Il est désormais chômeur. Et à son âge, cela ressemble bougrement à une préretraite. Et s'il peine à s'adapter à sa nouvelle inactivité, la situation pourrait être bien pire. Marie-Claire, sa femme travaille (elle fait des ménages), il touchera ses indemnités de licenciements, le chômage, il est entouré de sa famille aimante (enfants et petits-enfants) et d'amis proches. Et sous le ciel bleu provençal, tout proche de la mer, le quartier de l'Estaque n'est pas le plus désagréable pour couler des jours heureux.

Quand soudain, tout vole en éclat. Alors qu'ils passent une soirée agréable, Michel et Marie-Claire voient débouler chez eux deux braqueurs armés. Menace, coups, violence. Les malfrats repartent bientôt avec les alliances, les cartes de crédit et les billets d'avion pour la Tanzanie qu'on venait de leur offrir pour leurs trente ans de mariage. Préjudice pécuniaire très important. Préjudice moral plus profond encore.

Désarroi qui s’aggrave encore quand Michel, par hasard, apprend l'identité d'un des deux hommes...

Un film simple mais ô combien touchant. Des petites gens qui ont trimé leur vie durant mais qui n'en gardent pas moins le sourire et le souci d'autrui. Des gens dignes, altruistes, dévoués. Toujours près à aider son prochain sans s'inquiéter de sa propre situation. Ce petit quartier de Marseille, son soleil, ses collines, son port, son monde ouvrier. Ce trio d'acteurs que j'aime tant (Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin et Gérard Meylan). Que du bonheur !

Coup de cœur également pour la BO : au moment où Marie Claire et Michel se décident à se faire distributeurs de prospectus pour tenter de joindre les deux bouts, on se prend du Ravel dans les oreilles : Pavane pour une infante défunte, morceau sublime qui me retourne immanquablement.

Décidément, j'aime Guédiguian !
BibliOrnitho
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le 12 juin 2014

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le 12 juin 2014

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