Le cinéma de Sofia Coppola ne m’a jamais passionné.


En effet, je ne suis absolument pas un aficionados de ses films sans dire pour autant que je les déteste tous. J’ai bien aimé Lost in Translation par exemple et Virgin Suicides ne m’a pas laissé indifférent, mais pour le reste… bof. Bof moins même.


Mais quand j’ai entendu parler d’un remake du film de Don Siegel dont je gardais de très bon souvenirs (même si cela remonte depuis mon dernier visionnage) , je me rappelle m’être dit « Tiens, à garder en tête et à l’œil, ça promet ». J’ai certes était un peu refroidi en constatant que c’était Coppola fille qui s’en chargé mais je suis homme à pardonner et je n’en n’ai pas fait cas. De plus, le casting qui se profilait, promettait d’être alléchant et explosif.


J’avais cependant été surpris quand j’ai vu la durée du film en recherchant des horaires, « 1h33 c’est court pour l’histoire non ? » mais la quantité ne fait pas la qualité et inversement donc là aussi je n’en n’ai pas fait cas.


Le premier plan du film m’a accroché tout de suite.


Déjà; la photographie du film : sublime, je n’ai pas d’autres mots. Incroyable peut-être mais on avait déjà compris l’idée. Elle me rappelle un peu celle de The Lost City of Z de James Gray. Ensuite; ce très beau plan à la grue qui nous fait découvrir la « jungle » du Sud profond et enfin; l’air fredonné par l’une des filles du pensionnat, cueillant innocemment des champignons. Tout était réuni en un plan, un seul plan pour me faire aimer le film. On sentait une tension, une grande maturité que le grain de l’image renforce (à mon sens) et l’espoir que ce film ne nous laissera pas indemne, nous et ses personnages.


Mais.


Mais, parce qu’il y a toujours un mais avec Sophia.


Le film ne semble jamais décoller complétement et là où je m’attendais à une montée crescendo de la tension savamment orchestrée (et le mot n’est pas choisit au hasard) pour nous lier avec les personnages, nous sentir enfermés avec eux, craignant pour leur vie et par extension pour la notre si on s’identifie assez avec eux, je n’ai trouvé rien de cela. Seulement l’étrange sensation de voir le temps passé et de se demander comment le film va se régler d’une façon au moins correcte dans le peu de temps qu’il lui reste.
Je me souviens avoir jeté un coup d’œil (discret évidemment afin de ne pas déranger mes collègues spectateurs) à ma montre, constater qu’il rester quelque chose comme 20 minutes au film et m’être dit intérieurement « Mais comment ça peut finir d’une façon géniale alors que j’ai l’impression que le film vient juste de démarrer ? ».


Car c’est le problème du métrage selon moi, on à l’impression d’avoir assisté à la première partie d’un téléfilm sur deux. Et le terme téléfilm n’est pas du tout utilisé méchamment par moi, mais c’est que je trouve qu’au niveau de sa structure, le film ne fait que poser des bases sans les développer.


Et c’est particulièrement criant avec le développement des personnages qui est quasi-inexistant il faut bien le dire et ce, même si j’aime beaucoup les interprètes du film. Ils ont tous en gros un ou deux traits de caractères bien définis (curieuse, timide, séduisant, rigide, désireuse) et n’en bouge pas de tout le film. Pour un film qui est un huis-clos (quelques échappées dans le jardin ou en dehors du domaine mais furtives et avec un sentiment d’étouffement plus que de sécurité), ne pas avoir des personnages bien construits dans le sens pas assez profond, je trouve ça assez aberrant.


Je retrouve un point commun avec Dunkerque : la réalisation et la musique font comme si il y avait de la tension mais l’écriture ne suit pas puisque l’on n’a que très peu d’intérêt à l’encontre des personnages.


J’ai également trouvé le jeu des acteurs… moyen. Après, je pense que cela est également dû (et je pense en grande partie) au texte qui n’est pas marquant et c’est très dommage d’avoir des têtes d’affiches comme celles-ci sans avoir un script solide pouvant nous montrer leur palette d’acteur/actrices.


De plus, je trouve que le film est assez classique, trop classique.


A chaque étape je me disais « ça peut se passer comme ça mais ça serait quand même mieux si ça se passer autrement, peut-être comme ceci » et le film prenait le premier choix.


Dommage.


C’est assez déroutant de voir qu’avec un pitch comme celui du film, l’histoire évolue de façon si plan-plan et téléphonée.


Et j’ai délibérément gardé le meilleur pour la fin.


Je ne l’ai pas évoqué encore dans ma chronique mais je me dois d’évoquer le plus gros problème des Proies de Sofia Coppola qui, paradoxalement, n’est pas dans le film, la bande annonce.
Je crois n’avoir jamais vu une bande annonce qui spoile autant le film. C’est assez incroyable pour être souligné car sur les 1h33 du long-métrage, elle va jusqu’à 1H15, et je ne parle pas de quelques plans comme ça, ô non que nenni; elle montre carrément Colin Farrel se faire empoisonner par les filles du pensionnat.


Quel est l’intérêt pour le (potentiel) spectateur d’en savoir autant ?


C’est pour cela que j’étais sceptique au vu de la durée totale de film car je me disais que si ils mettent tout ça dans la BA, cela veut dire que le film a beaucoup plus à donner et que cela va être très dynamique donc puisque nous allons (du moins je le pensais, ou plutôt j’espérais) voir dans les 30 premières minutes:



  1. La rencontre de Farrel et de la petite fille suivit de son rapatriement à la pension pour jeunes filles.


  2. La curiosité et la jalousie des pensionnaires (élèves + institutrice + directrice)


  3. Un Colin Farrel qui profite des attentions qu’il attire pour séduire au moins deux filles (on le voit dans la bande annonce toujours je rappelle)


  4. Un Farrel Méchant (on le voit prendre le chignon d’Elle Fanning)


  5. Les femmes qui l’empoisonnent pour lui faire subir quelque chose d’horrible au vu des cris et insultes qu’il profère.


  6. Bien plus encore à espérer.



Je rappelle que du point 1 au point 5, tout est dans la bande annonce.


Je ne comprends pas comment en tant que réalisatrice on peut laisser une telle bande annonce existait et être diffusée surtout que c’est American Zoetrope (la boîte de prod de son père, Francis Coppola) qui produit le film. A la limite que ce soit pour les distributeurs je peux comprendre, eux ils ne veulent pas forcément se faire raconter une histoire, mais moi oui. A la fin de la séance, je n’étais même pas en colère, mais juste déçu car j’avais une impression de déjà-vu sans saveur et sans surprise (pour le peu de surprise que le film réserve même sans l’avoir vu cette BA).


Je ne peux donc pas être extrêmement objectif puisque 85% du film avait déjà été visionné sans que je le veuille.


Il faut vraiment faire quelque chose à propos du nouveau style de BA qui consiste à résumer le film complètement.

Léo_Miremont
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le 27 août 2017

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Léo Miremont

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