Un film à prendre à part

N'ayant pas vu le film original de Don Siegel, j'ai pu apprécier ce film à sa juste valeur et le prendre bien plus comme une nouvelle adaptation du roman dont il est tiré (dont je ne sais rien), qu'un remake du film avec Clint Eastwood. Bien qu'il semblerait, apparemment, que ce ne soit qu'un remake aseptisé et calqué séquences par séquences. Je jugerais cela lorsque je le verrais.

Je dois dire honnêtement que je n'ai pas été déçu, je ne suis pas un grand admirateur du cinéma de Sofia Coppola, je n'ai aimé que son premier film, mais depuis The Bling Ring, elle tente d'apporter quelque chose de nouveau dans son oeuvre, elle sort de son ton monocorde sans joie pour tenter de faire de la mise en scène, ce qui est tout de même appréciable.
D'autant que cette fois, contrairement à Virgin Suicides - qui semble être le film qui se rapproche le plus de celui-ci - chaque personnage a son propre atout et on prend soin de ne pas laisser les filles de côté pour se focaliser sur les grosses têtes d'affiches, évidemment, elles ne jouent pas toutes un rôle de grande importance, et les plus jeunes ne sont pas impliquées dans le jeu de séduction, cela serait de mauvais goût aujourd'hui (j'ai cru comprendre en revanche que dans la version de Siegel, ce n'était pas le cas...), mais elles restent toutes à leur bonne place.
Il se dégage du film une certaine aura mystique, les filles semblent à la fois envoutantes, bienveillantes et traîtresses, Elle Fanning qui est absolument sublime, incarne parfaitement bien cette ambiguité pudique et tentatrice, Nicole Kidman également dans une position plus stricte et Kirsten Dunst qui s'avère être la plus empathique et la plus attachante. Quant à Colin Farrell, il reste très humain malgré la situation, ses réactions sont compréhensibles, ses actes, son ambiguité, le fait d'être attiré par toutes ces femmes au petit soin pour lui, son envie réelle de s'intégrer à ce petit comité, je ne sais pas si cela apparaît véritablement dans la version de Siegel, mais je serais curieux de pouvoir les comparer.

Évidemment le film comporte tout de même quelques maladresses, Coppola essaie de s'adonner à un genre de cinéma plutôt exigeant, dont elle ne maîtrise pas encore les codes. Vu ce qu'on en dit, si j'avais vu le film de Don Siegel, j'aurais été très embêté devant le film, mais je n'ai pas passé une mauvaise séances, et quiconque verra le film dans les mêmes conditions que moi, se dira peut-être la même chose.