Mais quelle idée Sofia Coppola a eu de reprendre ce roman, qui avait déjà donné naissance à un chef d’œuvre de Don Siegel ? Mais comment imaginait-elle que Colin Farrell aurait la même dimension, le même sentiment d’ambiguïté, la dangerosité qui émanait de Clint Eastwood ? Mais imaginait-elle qu'en faisant des jeunes filles et femmes de cet internat des gravures de mode, on allait avoir peur pour elles ?
Raté, car le film n'est rien de tout ça. Il se révèle être quelque chose de complètement aseptisé, qui marque au fer rouge l'absence d'audace criante en 2017, par rapport à 1971 ? Dans le Don Siegel, Clint Eastwood apparaissait comme quelqu'un de machiste, calculateur, voire misogyne. Qu'on aime ou aime, cela donnait de l'épaisseur à un personnage qui reste au fond plutôt passif, vu que sa blessure l'empêche de beaucoup bouger de son lit.
Mais ici, c'est terriblement édulcoré, comme à l'instar des autres personnages, ou pas une seconde, rien n'y est choquant, brutal. Le seul apport de Sofia Coppola est de centrer le film sur les femmes, mais là aussi, elles n'ont rien d'intéressant à dire, se bravant dans leurs capes de pureté. A la rigueur le personnage de Kirsten Dunst, qui va vouloir en quelque sorte provoquer, mais c'est si peu...
Il reste le superbe travail de photographie de Philippe Le Sourd qui donne à cet internat une ambiance éthérée, comme si ces femmes étaient des nymphes aux yeux de Colin Farrell, mais le résultat est complètement vide de sa part d'audace, et donne plutôt envie de revoir le film de Don Siegel où Eastwood y donnait sans doute son meilleur rôle en tant qu'acteur.