J'ai toujours eu un certain intérêt pour les biopic de groupes musicaux. Ca permet de faire de bonnes découvertes comme j'ai eu le cas récemment avec le très bon Jersey Boys de Clint Eastwood. C'est aussi ici un peu à l'aveuglette que je me suis dirigé vers un film dédié à un groupe que je ne connaissais pas. Et d'ailleurs, je suis assez choqué de ne jamais avoir entendu ne fut-ce qu'un de leur son à la radio au vu de leur importance historique (nb : je n'écoute pas NRJ). L'air de rien, ça titillait davantage ma curiosité et c'est avec une certaine confiance que j'appuyais sur le bouton "Play" pour, très rapidement, commencer à déchanter.
Quand on réalise un film en hommage à un artiste, la moindre des choses est déjà de développer son récit et les principaux sujets. Qui plus est, quand il s'agit d'un groupe musical, il convient de porter un minimum d'attention à chaque membre. Hors ici, mis à part Cherrie Currie et Joan Jett, les trois autres de ce "girls-band" font office de figuration. La réalisatrice se fout ouvertement d'elles. D'ailleurs, elle se fout de beaucoup d'autres trucs et l'on en vient à se demander si elle se plaisait à tourner le film ou si elle avait plus un revolver braqué sur sa tempe. Une question m'est d'ailleurs venue à l'esprit : A quel moment peux-tu faire l'impasse sur la partie liée à la décision du nom du groupe ? Pourquoi ont-elles choisies The Runaways ? On ne sait pas. Et que l'on ne vienne pas me dire "Mais enfin, réfléchis, elles sont tout le temps sur les routes donc ça ne peut être que ça". Avec moi, il n'y a pas de "peut-être" en histoire, quelle qu'elle soit.
Ceci dit, ça peut être extrapolé à l'entièreté de toute la dimension musicale censée être prépondérante hein ! Je précise juste au cas où parce que certains cinéastes ont tendance à l'oublier. Parce que biopic musical = on va parler de musique et on ne va pas justement faire du mi-biopic et mi-drama à deux balles sur les tourments familiaux de Cherrie. En fait, ça on s'en fout littéralement. Que l'on fasse une petite parenthèse ok mais pas que cela parasite une grande partie du film. Ce que l'on veut, c'est voir leurs débuts, la production, leurs tournées à l'international, la création et finalement.... bah on a pas grand chose. Une séquence dans un studio, un rapide voyage au Japon, des passages tout autant rapides dans une caravane. A aucun moment, on ne parvient à s'imprégner de l'atmosphère rock n'roll, d'autant plus que la durée n'est pas très longue vu l'ampleur du sujet. Notre sympathique Floria aborde beaucoup de choses sans creuser un seul instant. Une chose m'a d'ailleurs marqué au plus haut point : une collègue guitariste de Cherrie pètera un câble en l'accusant d'être le centre du monde et de faire de l'ombre aux autres talents du groupe. C'était une injustice en son temps qu'on aurait pu réparer en braquant les projecteurs sur les cinq musiciennes, sauf que la réalisatrice utilise le même procédé qu'elle dénonce. C'en est tristement hilarant !
La cherry sur le gâteau étant qu'en se renseignant davantage sur l'histoire du groupe, on se rend compte à quel point le projet ne fut jamais géré, au mieux survolé, tant il y avait matière à raconter. A vrai dire, la page Wikipedia nous plonge plus dans l'ambiance provocatrice des Runaways que le film lui-même. C'est dire ! Parce que l'attitude trash revendiquée, elle n'est visible que dans Cherrie en tenue sexy chantant leur musique iconique. Mais bon, parler du poivrot de père est un peu plus important que la carrière des Runaways n'est-ce pas... Au moins, on se consolera avec un duo d'actrice particulièrement touchantes et sensuelles.