Jeff président !

Il est aisé de taper sur la comédie française, confortable pour les critiques consacrés d’affirmer leur apparente suprématie face à l’envahisseur du mauvais goût, à l’ambassadeur du vulgaire qui – ô malheur – corrompent les foules, remplissent les salles. Je ne comprends d’ailleurs pas pourquoi des « spécialistes » du cinéma prennent la peine de sortir leur masque et de salir leur plume pour s’attarder sur Les Tuche 3. Le jugement est préétabli, la condamnation inévitable, sans sursis. Cette posture est bien basse. A quoi s’attendre en allant voir le film ? Une comédie fondée sur un comique de personnages et de situations, un burlesque assumé n’ayant pas peur du grotesque et de la surenchère, un fond moral concernant les valeurs familiales, le tout mené tambour battant. Les Tuche 3 est un bon film. Et une bonne comédie. Le pacte cinématographique est respecté. Bien entendu, il y a des défauts… L’histoire secondaire censée développer le personnage de Donald casse le rythme général et n’apporte rien, sinon une lourdeur pénible ; certains personnages auraient mérité plus de développement ; certaines scènes sont trop courtes et perdent de leur potentiel comique (par exemple la journée du patrimoine). Mais ce n’est pas très important. Oliver Baroux tente des choses sans jamais reproduire un schéma déjà appliqué auparavant, il prend des risques. Le film pourrait s’apparenter à un coup de dé comique sans cesse rejoué, donnant ainsi aux acteurs l’occasion de vivre pleinement leur personnage. Acteurs qui, au passage, sont excellents. On ne sait jamais quand s’arrête le texte et quand commence l’improvisation, ça respire, ça change, ça fait du bien. L'humour rassemble sans jamais diviser par la moquerie ou l'insulte; y être sensible ou non relève en revanche de notre sensibilité personnelle mais n'est pas imputable au film. Avec Les Tuches 3, les masques tombent et la plume se libère. Arrêtons la fausse intelligentsia bien-pensante, n’ayons pas peur de rire. Et si ce n’est pas notre humour, n’insultons pas le film ni, par la même occasion, ceux qui ont ri.