Il serait amusant de projeter Mandibules à Cronenberg, histoire de voir comment il réagit à cette version haut perchée de La mouche. Pas grand chose à voir avec son propre film, on s'en doute, puisqu'il s'agit ici du nouveau Dupieux, le réalisateur qui maîtrise le mieux l'absurde dans notre cinéma hexagonal. Sans crier à la déception, mais parce qu'on peut être exigeant avec lui, on constatera cependant cette fois que Mandibules ne ferait pas de mal à une mouche avec son scénario linéaire, à travers les mésaventures de deux olibrius qui n'ont pas inventé la poudre à récurer mais trouvé un insecte géant. Un film minuscule, avec moins d'ambition surréaliste que dans les précédents opus de Dupieux mais quand même de bonnes raisons de se réjouir, la grosse bête n'étant qu'un prétexte à mettre en valeur les drôles de comportements que peuvent avoir les humains, animaux quelque peu particuliers dont les deux échantillons principaux de Mandibules donnent une vision un peu extrême, quoique. Ce qui est toujours passionnant chez Dupieux, c'est la logique qu'il met à des situations aberrantes, loufoques, lunaires, pas nécessaire de rayer la mention inutile. Tout coule de source ou presque et il n'y a rien à redire sur l'enchaînement pourtant un peu biscornu des circonstances. La direction d'acteurs est aussi un point fort du cinéaste de Rubber, on ne le dit pas suffisamment. Outre le duo gagnant constitué de David Marsais et de Grégoire Ludig, la prestation d'Adèle Exarchopoulos, à mille lieux de ses rôles précédents, est de celles qui enchantent absolument.

Cinephile-doux
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes IFFR Rotterdam 2021, 2021 : quelle belle année en salles (ou pas) et Au fil(m) de 2021

Créée

le 3 févr. 2021

Critique lue 1.7K fois

19 j'aime

Cinéphile doux

Écrit par

Critique lue 1.7K fois

19

D'autres avis sur Mandibules

Mandibules
Lordlyonor
8

L'idiot n'a point de cervelle, mais il a de sacrées mandibules

Titre tiré de la citation de Henri-Frédéric Amiel: "L'idiot n'a point de cervelle, mais il a le croc venimeux" Qu’on aime ou qu’on déteste, il faut bien avouer que le cinéma de Quentin Dupieux ne...

le 20 mai 2021

45 j'aime

12

Mandibules
Fatpooper
5

La mouche

Peut-être Dupieux fait-il trop de films ? "Le daim" était déjà un peu décevant. Celui-ci est carrément chiant. Car au-delà de l'idée de base absurde, c'est pas très marrant ; le duo de crétins, on...

le 22 avr. 2021

40 j'aime

Mandibules
Plume231
7

Sa Majesté de la mouche !

Il est curieux de voir comment le cinéma de Quentin Dupieux a évolué vers une direction nettement de moins en moins radicale, pour aller vers un côté plus grand public. Avant, c'était de l'absurde...

le 26 mai 2021

40 j'aime

5

Du même critique

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 27 mai 2022

75 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

73 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

70 j'aime

13