Mank
6.3
Mank

Film de David Fincher (2020)

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Est-ce que le Hollywood d'aujourd'hui produirait Citizen Kane ? Il est certain que non. Trop audacieux, trop intelligent et zéro super-héros dedans. Moyennant quoi, il ne faut pas s'étonner que Mank soit un produit Netflix, avec tous les regrets que cela implique. Après les frères Coen, Scorsese et beaucoup d'autres, c'est au tour de Fincher d'y trouver le réceptacle de ses ambitions, pour un projet très personnel, avec un scénario signé de son père. Il est difficile d'avoir un avis définitif sur le film, après un seul visionnage. C'est brillant, plastiquement impeccable, admirablement construit sur deux grandes lignes narratives mais aussi trop imbu d'une certaine quête de perfection et surtout décevant quant à l'attendu "affrontement" entre Welles et Mankiewicz, son scénariste pour Citizen Kane. On ne voit aucune scène du tournage pour la bonne raison que le sujet n'est pas celui-ci. Mank est à la fois le portrait de Herman Mankiewicz, frère aîné du grand Joseph, et l'évocation très documentée du Hollywood des années 30 avec ses hérauts pittoresques, grandioses, mercantiles et souvent odieux qu'ont été Thalberg et Mayer, sans oublier le "modèle" de Citizen Kane, Hearst, magnat de la presse écrite. Il est certain que mieux on connait ce microcosme 'bigger than life", plus le plaisir sera grand devant Mank. Quant au personnage de Mankiewicz, son statut d'observateur lucide et cynique et d'outsider imbibé d'alcool, il n'est pas sans rappeler d'autres scénaristes (écrivains) talentueux de l'usine à rêves, à commencer par ce cher Scott Fitzgerald. S'il y a quelques chose à reprocher au film de Fincher, c'est avant tout son opulence de dialogues, certes admirable mais qui le dessert aussi, dans le sens où cette flamboyance lui donne plus de lustre que de chair, voire d'émotion. Mank est un formidable exercice de style qui frustre tout de même par son dispositif impeccable qui laisse au spectateur peu de prise à des sentiments autres que l'admiration. Et cela vaut évidemment pour la direction d'acteurs, avec un Gary Oldman étourdissant (comme toujours ?).

Cinephile-doux
7
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le 4 déc. 2020

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