Après le décevant Cosmopolis, David Cronenberg est de retour avec Maps to the Stars, un film qui sur le papier nous laissait espérer un retour en force du réalisateur avec sa satire du Hollywood d'aujourd'hui. Grand habitué de la croisette, c'est donc logiquement que l'on retrouve ce nouvel effort du canadien en compétition. Mais, même s'il s'agit d'un bon Cronenberg, on reste tout de même assez loin de ces grandes œuvres, la dernière, The History of Violence datant tout de même de 2005. Le scénario prometteur, qui nous proposait de suivre une galerie de personnages représentant le Hollywood des années 2000 (une actrice has been névrosée, un enfant star insupportable, un coach particulier aux méthodes douteuses, ...), tombe finalement à plat, n'étant rehaussé que par de petites piques cyniques sur ce système, afin de mieux y dénoncer l'immoralité qui y règne. Mais Cronenberg ne transcende jamais son sujet et, mise à part quelques scènes dérangeantes, marque de fabrique du réalisateur canadien, les longueurs s'accumulent et l'intérêt du film diminue progressivement. La réalisation, assez classique en somme, n'est pas non plus à la hauteur des attentes.

Toutefois, le casting 4 étoiles réunis dans Maps to the Stars sauve d'une certaine manière le film, avec en tête Julianne Moore. Son interprétation brillamment hystérique d'Havana, une actrice proche de la cinquantaine cherchant à tout prix à obtenir un rôle promis à une autre, lui a valu un prix d'interprétation mérité au dernier festival de Cannes. Elle éclipse presque le reste de la distribution, qui pourtant ne démérite pas, avec entre autres Mia Wasikowska, qui incarne une adolescente perturbée, ce qui confirme qu'elle est l'actrice la plus intéressante de sa génération, et le jeune Evan Bird, qui surprend dans le rôle d'un enfant star déjà tombé dans les pires excès. Puis il y a le cas Robert Pattinson. Autant il épate dans The Rover, autant ici il s’efface complètement derrière un personnage sous-exploité (des coupures au montage ne doivent pas y être étrangère).

Un film donc inégale qui, malgré quelques scènes dérangeantes propre à l’univers de Cronenberg (le final ne vous laissera pas indifférent) et une interprétation plus que correct, finit par tourner en rond, le réalisateur n’allant pas au bout de son sujet, se contentant de dessiner des portraits inachevés de personnages tordus.
Lilii
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le 23 juin 2014

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