Une absence de scénario afin de laisser se jouer ce qui doit se jouer. Frénésie, ivresse, désir pour Mektoub, My Love : Canto uno. J'ai été frappée par la réalité des dialogues, vides et qui ne se jouent pas avec les mots mais bien avec les corps et les visages, les sensations et les émotions - le stress au début, puis la gêne, l'intimidation, le jeu de séduction, le désir. Tout se lit et rien n'est dit, et c'est peut être plus joli ainsi. Et c'est pour ça que je déteste Kechiche. Il me fait croire que c'est encore possible de taire des choses, de ne plus oser dire, de désirer en silence, comme c'est le cas pour Amin durant ces 175 minutes. Je déteste Kechiche car il me fait espérer que tout cela peut encore se passer, sans barrières, que les corps à l'image de véritables déesses peuvent être libérés, que la liberté peut finalement prendre le pas sur tout le reste pour laisser faire la vie. Cette obsession de Kechiche pour le naturel, dans des scènes qui ont tout l'air d'avoir été filmées discrètement, presque secrètement, laisse grande place au reste. Quand on supprime les artifices, que l'on épure tout ce qui peut l'être, il reste finalement la vérité des dialogues, des expressions, des sensations. Une sorte de documentaire sur les sensations , le chef d'oeuvre de Kechiche à mon avis.

emeraud
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le 28 juil. 2018

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