MEKTOUB MY LOVE : Canto Uno (12,2) (Abdellatif Kechiche, FRA, 2018, 175min) :
Marivaudage adolescent sous le soleil de Sète le temps de l'été 1994, par le biais d'une mise en scène extrêmement fluide et immersive au plus près (trop !!!) près des corps ou plutôt des formes des jeunes femmes, récit naturaliste de l'apprentissage de la liberté et de la montée des désirs, narration radicale débridée célébrant la vie, le sexe et les transes hypnotiques sous les sunlights des boîtes avec une troupe d'acteurs naturellement convaincants dont les révélations Ophélie Bau et Shaïn Boumedine. Une célébration de la jeunesse avec en personnage central Amin (dont on peut penser que c'est un autoportrait du réalisateur) observateur de tout ce manège souvent superficiel où le regard de la caméra salue régulièrement et lourdement le regard hétéro beauf d'Abdellatif Kechiche. Un cinéaste plus émouvant quand il filme une brebis mettant bas, que les bas du corps des jeunes filles qui ne cessent de se trémousser pour son plus grand plaisir libidineux que pour le notre, vraiment dérangé au regard de l'actualité par ces plans insistants.
Malgré le talent pour filmer les scènes du quotidien, le réel et la teinture picturale de cette chronique intense qui honore la lumière dans ce trip, le film semble parfois interminable, entre nombreuses scènes de plages, de jeux d'eaux et de longues séquences de boîtes de nuit où l'intérêt s'avère intermittent. Un long métrage irritant et plaisant convoquant à nouveau le pointillisme du cinéma de Maurice Pialat et d'Eric Rohmer sans malheureusement arriver à retranscrire les sentiments amoureux avec la même subtilité.
Venez découvrir cet imparfait récit inachevé d'initiation frénétique au chœur de Mektoub my love : Canto Uno, en attendant le prochain volet. Superficiel. Maladroit. Hédoniste. Décevant.
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