Il y a beaucoup de faux de procès à faire sur le regard que porte Kéchiche sur les femmes. La vie d'Adèle m'avait pourtant bien mis sur mes gardes : ce n'est pas parce qu'il y a des faux procès qu'il n'y en a pas de vrais.


Ce serait injuste de dire que Kéchiche est complaisant à l'égard des hommes bien lourdingues à tendance #balancetonporc. Ils sont présents dans son films, mais on ne peut pas dire que l'oncle Kamel ou Tony soit traité avec beaucoup de complaisance. Les scènes de bisous forcés sont justemment particulièrement gênantes et donc très bien rendues. De mêmes les femmes passent leur temps à se battre, ou être victime pour les plus jeunes, de ces relations hommes femmes ultra cloisonnantes. Les plus âgées ont appris à lutter sans se révolter et sont d'une force poignante. Non ça c'est extrêmement bien rendu, notamment grâce à une galerie de personnage qu'on a l'impression de connaitre depuis 15 ans en à peine 19 minutes.


La caméra reluque les culs ? Évidemment, elles suivent le regard d'Amin, vibrant de désir. Là encore, c'est filmé avec maestria, le regard hésitant, mais brûlant d'envie. La caméra de Kéchiche se glisse, pour le spéctateur, là où Amin aimerait regarder mais n'ose où ne peut pas. Brillant.


Car Amin est différent, c'est artiste, un photographe môôôônsieur. Et comme Amin = Kéchiche, lui aussi c'est un artiste. Et ça il ne manquera pas de te le rappeler à grand coup de lumière de l'heure dorée qui vient se reflèter dans les cheveux et de visage tous jaunes. Lui, il sait voir la beauté des paysages, dans une naissance pleine de sang ou dans les fesse dodues dans un maillot cheap. Rien à voir avec ses bourrins de cousins qui enferment les femmes. Amin/Kéchiche sublime, que dis-je, il libère la femme grâce à son regard d'artiste.


Voilà, c'est là que le propos de Kéchiche s'écrase, dans un appareil photo argentique de hipster et des clichés de son amoureuse en Marie dans la bergerie. Dans la vie d'Adèle, c'était le sexe lesbien complètement irréaliste et le sujet de la muse qui trahissaient la vision de Kéchiche, sur la sublimation du corps féminin par un œil vraiment très masculin. Idem ici, c'est cette passion pour des photos franchement pas terribles, mais bien orientées vers les bonnes hanches et la maternité, qui nous rappellent son propos. La femme a l'immense privilège d'être révélée dans toute sa splendeur féminine et maternelle, à toi petit spectateur, grâce à l'œil de l'artiste masculin. En témoigne les critiques : «Ophélie Bau, la nouvelle bombe/muse de Kéchiche». Hé miss Besançon, va pas croire que t'es vraie actrice hein. Sans M.Kéchiche, tu couperais des rubans à la fête à la saucisse, t'as compris ?


Et c'est ça qui me frustre et m'énerve dans ce film. C'est tellement bien joué, ça touche à tellement de sujets bien sentis. Mais non, il faut que Kéchiche trouve le moyen à chaque plan de crier «C'est pas eux qui sont bons, c'est moi qui les révèle, OK ?»

Étienne_B
4
Écrit par

Créée

le 4 avr. 2018

Critique lue 328 fois

Étienne_B

Écrit par

Critique lue 328 fois

D'autres avis sur Mektoub, My Love : Canto uno

Mektoub, My Love : Canto uno
mymp
4

Pâté en croupe

Abdellatif Kechiche, depuis La vie d’Adèle, semble désormais devenu plus clivant que jamais (La vénus noire présageait déjà de la chose) et susciter la controverse au moindre de ses mouvements. Les...

Par

le 22 mars 2018

153 j'aime

22

Mektoub, My Love : Canto uno
guyness
3

Sea, sex and seum

Une longue vie de spectateur suffit en général à s'apercevoir que souvent, plus le traitement d'une histoire s'éloigne d'une apparence de réalité, plus on touche au vrai. Prétendre que le contraire...

le 21 août 2018

101 j'aime

54

Mektoub, My Love : Canto uno
Velvetman
5

Souviens toi l'été dernier

Alors que La Vie D’Adèle et son couple mémorable nous trottait encore dans la tête, Abdellatif Kechiche revient avec Mektoub my love (canto uno) et son style inimitable, qui cette fois ci,...

le 26 mars 2018

93 j'aime

15

Du même critique

Comment j'ai détesté les maths
Étienne_B
1

Zéro pointé

J'ai deux problème avec ce film : j'aime le cinéma et j'aime les maths. Pour le cinéma c'est un loisirs du dimanche. Pour les maths c'est différent, je fais partie des fameux «bons». Pas seulement...

le 1 déc. 2013

42 j'aime

8

Dear White People
Étienne_B
7

Black Faces

Après une bande annonce qui annonçait de la comédie décomplexée, Dear White People tourne en fait vers le genre du jeu avec les images, avec les cliché et les attitudes véhiculées par les médias,...

le 9 avr. 2015

26 j'aime

Gagner la guerre
Étienne_B
5

Tu l'as vu mon gros style ?

Sur bien des points, je rejoins tout ce que vous pourrez lire ce livre : personnages géniaux, scènes épiques, monde fascinant etc. Bref, c'est un bon bouquin. Un bon bouquin entaché d'un bon...

le 24 juin 2017

24 j'aime

10