Il faut se le dire : une séance de 3h, il faut pouvoir se la caser. Après une tentative un matin, j'ai dû me résoudre à y aller un soir de 20h à 23h, malade et fatigué : ambiance. Pourtant, je fus scotché. 3h et pas une minute de trop, pas une seule fois, j'ai baillé ou détourné le regard. Que ce soit la photographie ou la musique, c'était un beau moment de cinéma.


Il est vrai que l'idée de filmer pendant 3h des jeunes sur la plage au soleil n'a rien d'enthousiasment. Vous espérez un scénario ? Et bien, pas du tout. Grosso modo : soleil, jeunes, plage, dragues, rire, alcool. Puis dans une seconde partie : jeunes, soirées, sueur, rires et un peu de larmes. C'est tout, rien de plus. Pas de message politique ou de revendications; juste du soleil et des commérages. Car il s'agit tout de même de l'histoire d'amis, de famille, de cousins qui ont grandi ensemble devenus adultes et qui font aussi face à leurs actes, à leurs choix. Les égarements de la jeunesse qui font face aux leçons des plus vieux. Quand l'une trompe son fiancé, l'autre vient juste de divorcer. Notre héros de l'histoire quand à lui, remarque à peine que toutes les filles sont à ses pieds tandis que son cousin est un gros lourd de dragueur-baratineur qui jure à toutes les filles qu'il emballe qu'elle est la femme de sa vie. Bref, entre amour, jalousie et romantisme : la vie. C'est le cœur du film. La vie. Sous un soleil éclatant (avec une petite pique au climat parisien).


La vrai force du film, c'est la relation acteurs/actrices - personnages. Les acteurs principaux qui jouent les jeunes sont bluffants de sincérité. Ils ne jouent pas, ils sont. Leur relation est intime voir fusionnelle alors qu'on parle d'acteurs non professionnels. Certains gardent même leur prénom insistant sur une ambiguïté dont le film joue beaucoup. On hésite entre le film et le documentaire. Je dirai que Shain Boumedine et Ophélie Bau sont éclatants par leur rôle, leur prestance et leur simplicité. Boumedine particulièrement dans son rôle de jeune homme un peu timide un peu romantique, artiste à ses heures perdues mais intrigué et simple. Il nous dévoile tous ses talents notamment dans une des plus belles scènes du film lors d'un accouchement de brebis. Son regard est pétillant. Le tout sublimé par une musique enivrante. Un autre des personnages que j'apprécie beaucoup, bien qu'un peu malmenée, est celui de Charlotte, touriste qui va croiser le chemin du cousin dragueur. Rôle assumé avec brio.


Le contraste entre l'obscurité de la boîte de nuit et le soleil éclatant est saisissant d'effet. La photographie est particulièrement travaillée. Enjolivée par une musique juste et équilibrée, on savoure chacun des plans de ce film.


Je pourrai, je pense, disserter pendant des heures sur mon ressenti assurément positif mais comme pour le film, toutes les bonnes choses ont une fin. Et c'est plus que motivé que j'attends la(les) suite(s). Si on reste sur un niveau de qualité similaire, je pourrai y passer des journées dans une salle de cinéma !

BlackHornet
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le 8 avr. 2018

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