Ici, tout n’est que désir.


Objet désiré, incarnation du désir, désir réalisé.


Désir que les sens habitent, que ce soit subtilement derrière un sourire, un regard de connivence, un rire nerveux, une main donnée, des corps déjà emboîtés grâce à une danse préliminaire, ou plus franchement avec les formes pleines d’une croupe débordant d’un short trop court, des seins qui sous le frêle tissu de leur bikini promettent des nuits agitées, des bouches goulues, des bas-ventres se frottant aux barres du podium, des corps nus enlacés et en sueur, etc…


Que celui ou celle qui, voyeur comme Amin (c-à-d. le cinéaste), n’a pas senti le moindre frémissement intérieur en contemplant toutes ces belles créatures viriles et/ou sensuelles, en s’y projetant inconsciemment, en fantasmant secrètement sur ces amours interdites et ces promesses folles de sexe intense que cachent les regards concupiscents, qu’il (ou elle) jette la première pierre (ou plutôt, qu’il/elle consulte pour soigner les pannes de sa libido)!


On peut pénétrer cet espace du désir d’une forme directe, comme dans la scène inaugurale. Toutefois, il faut savoir prendre son temps pour séduire, suivre certains rituels : regards, jeux pas si innocents, dragues, danses, etc. Kechiche filme ça avec un incroyable réalisme (acteurs vraiment ivres, actrices vraiment chaudes, dialogues non-écrits [simple canevas], etc) mais aussi avec une longueur lassante (comme le démontrent pas mal de scènes qu’il aurait évidemment dû couper), si bien que ça devient vite redondant voire lourd, à l’image de ce vieux relou de chauve qui ne la ferme jamais. On peut par conséquent s’interroger sur la nécessité de tourner un film si long surtout si, comme dans les séries si tendances, une suite nous attend, avec des rebondissements, des tromperies, des règlements de compte mais aussi, on l’espère, du désir et le plaisir des sens.


7.5/10

Marlon_B
8
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le 24 sept. 2020

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Marlon_B

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