Un bon moment que ce Midsommar !


Sans être déshonorant, le premier film de Ari Aster, Hérédité, m'en avait touché une sans faire bouger l'autre : c'était raisonnablement bien emballé, ponctué de quelques beaux moments d'angoisse, mais pas intéressant pour deux sous. Mais bon, y transparaissait malgré tout un certain savoir-faire, qui méritait que l'on se penche avec attention sur son prochain film : et effectivement, Midsommar vaut lui complètement le coup d'œil.


Le film conserve heureusement les deux atouts qu'affichait déjà son prédécesseur, à savoir une mise en scène assez propre et un rythme posé : Midsommar prend indéniablement son temps - 2h25 tout de même - et a le bon goût de préférer instaurer une ambiance anxiogène plutôt que de se soucier d'enfiler bêtement les jumpscares - pas un seul dans ce film. Le film distille parcimonieusement les petites touches d'étrangeté et de malaise nécessaires, et sait se ponctuer de rares éclairs de violence graphique plutôt percutants. Et se boucle d'ailleurs lui aussi par un final grand-guignolesque assez sympa.


Et tout ça l'immense majorité du temps sous la lumière terrassante d'un soleil qui semble ne jamais se coucher, et c'est évidemment ce qui fait tout le charme du film. Assez amusant d'ailleurs de penser que le plan le plus puissant d'Hérédité - film qui jouait lui à fond sur l'obscurité et les intérieurs tout sombres - était justement le seul sous un soleil éclatant (la mise en terre de la gamine moche sous les hurlements de sa mère).


Et loin de n'être qu'une coquetterie artificielle, cette luminosité constante participe pleinement à créer cette atmosphère un peu étrange et paradoxale : on a d'un côté nos personnages qui se retrouvent dans un lieu chaleureux et ensoleillé, accueillis par des hôtes sympathiques et avenants ; et de l'autre des évènements, parfois des détails, perturbants et suspects. On sait que tout cela va mal se finir, mais le cadre agréable et lumineux détend et rassure. Le paradoxe de cette atmosphère est assez plaisant. Finalement, la seule scène réellement oppressante reste la première du film, par ailleurs assez poignante.


Un petit mot enfin sur le casting, qui est globalement impeccable, et en particulier la jeune et jolie tête d'affiche Florence Pugh, dont je découvre l'existence, et qui est à fond dedans, ce qui vraiment plaisir. Ses hurlements de douleur sont déchirants.


Bref, une belle surprise, un deuxième essai convaincant et un réalisateur à suivre !

ServalReturns
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le 1 août 2019

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ServalReturns

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