Le sacre de l'été
Le plus immédiatement troublant devant Midsommar, c'est sans doute – comme à peu près tout le monde l'aura relevé – de se retrouver face à une œuvre horrifique toute faite d'été, de ciel bleu, de...
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Réalisateur déjà responsable de l'ambitieux ( et plutôt réussi ) Hérédité Ari Aster nous concocte avec Midsommar une expérience filmique tout à fait déroutante, située à mi-chemin entre le cinéma conceptuel de Yorgos Lanthimos et celui, plus délirant, de Ben Wheatley. Commençant comme un drame familial pour rapidement amorcer un étrange road-trip le nouveau film de Ari Aster reprend le principe du mélange de genres et de registres qui faisait la force de Hérédité, poussant l'audace jusqu'à rallonger généreusement son métrage sur près de 150 minutes...
Totalement déconcertant, flirtant parfois avec le ridicule et/ou l'incongruité la plus rédhibitoire Midsommar affiche pourtant d'emblée une première évidence : sa forme tient du rêve éveillé. Resplendissantes les images conduisent à elles seules ce gigantesque trip immersif tenant lieu dans une contrée suédoise aussi inquiétante qu'ensoleillée. On pense donc au récit glissant du très bon Kill List et à ses cultes littéralement terrifiants ou encore aux procédés un rien systématiques de l'inégal Mise à Mort du Cerf Sacré ( sur-esthétisation de l'Horreur, humour terriblement décalé allant jusqu'à une certaine inefficacité...).
La première demi-heure de Midsommar, constituant le premier acte du récit, tient de la très grande réussite : distorsions visuelles et angles de caméra proprement renversants, installation des personnages dans une situation intelligemment préservée par Ari Aster ( le réalisateur ménage le mystère avec un implacable brio )... La suite s'avère hélas beaucoup trop ampoulée et scénaristiquement trop chargée pour susciter une véritable angoisse, proposant pourtant une fable de secte et de sacrifices humains sans doute alléchante sur le papier.
Reste l'impression d'un sommet esthétique encombré d'à-côtés narratifs dont on se fiche éperdument ( la fameuse thèse universitaire de deux des personnages principaux, la célébration de la reine et même les rituels de la communauté en eux-mêmes...). Midsommar est donc un petit grand film malade paradoxalement visuellement éclatant de santé, au charme à la fois vénéneux et totalement inégal. Une semi-déception.
Créée
le 1 août 2019
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