Une gamine qu'on a envie de détester...

C'est bien qu'on a envie de dire de cette Helen qui, malgré qu'elle soit sourde, aveugle et muette, est telle une enfant sauvage, incapable d'éprouver le moindre sentiment et qui ne s'exprime, si j'ose dire, que par la violence et le rejet de l'autre.

Le sujet est à la fois audacieux, car il traite d'infirmités rarement évoqués au cinéma à cette époque, et ô sacrilège, il bafoue le principe de l'enfant roi car cette institutrice, jouée par Anne Bancroft, ose frapper et gifler la petite fille pour la forcer à changer, et à enfin devenir plus tendre, et ce à la consternation des parents qui sont outrés par ses méthodes radicales.
C'est un très beau film, porté par deux actrices fantastiques (dont Patty Duke, qui joue la petite fille, qui a un rôle très difficile), mais dont le sujet n'échappe pas aux cabotinages ; ainsi, il n'est pas rare de voir l'institutrice et son "sujet" (au départ, elle est considérée comme telle) se battre avec violence en se jetant des choses à la figure.
Il y aussi quelque chose que je trouve dommage, c'est que Anne Bancroft, qui est malvoyante, n'exploite pas plus son handicap, car tout le problème du film va être de savoir si la jeune fille va devenir civilisée.

Porté par une superbe photo N&B de Ernesto Caparrós, le film, tiré d'une incroyable histoire vraie, est quand même porté par deux personnages incroyables, et dont la fin, aussi hollywoodienne soit-elle, laisse penser que les pires méthodes peuvent guérir les plus grands, et ce à travers un dernier plan sublime.