Comme le dit mon titre, c'était inattendu et pourtant Mon chien stupide est une réussite à tous les niveaux, et ce malgré tous les écueils dans lesquels il aurait pu tomber vu le genre auquel il appartient.


En effet, si le titre et la bande-annonce étaient guère enthousiasmantes (voire trompeuses, faisant passer ce film pour une sorte de comédie légère et un peu superficielle) tandis que le synopsis annonçait une situation vue et revue (et surtout généralement aliénée à un style de boulevardier), le film en lui-même ne nous fait aller que de bonne surprises en bonnes surprises.


Déjà, le film est formellement soigné. A un niveau superficiel, cela se traduit par des décors de qualité, une belle image, un montage (au sens large) fluide et propre, de belles musiques, un bon jeu ; à un niveau un peu plus avancé l'écriture assez littéraire garde sa cohérence avec son style d'ironie amère et cynique et la progression des évènements conjugue à la fois un rythme accrocheur (l'"élimination" des quatre enfants chapitrée) et une approfondissement du thème du couple vs soi vs la famille bien orchestrée.


Ensuite, le film développe bien ce triptyque chargé de conflits et de pièces de puzzle qui s'assemblent entre le soi et ses aspirations/sa liberté, la famille qui donne du sens et remplit le vide, le couple qui complète et soude, partageant le rêve. Sur ce sujet, le film commence par dresser un tableau assez caricatural du film français, à dessein (la mère dépressive, le jeune fumeur de joints etc.) mais ce tableau va gagner ses lettres de noblesse au travers d'une réflexion plus introvertie qu'à l'accoutumée (d'habitude on est plus dans le voyage, etc.), vision portée par le héros véritable porte parole de l'auteur. Et ce héros, dans sa gouaille et ses assertions taillées à la serpe tape souvent juste même s'il y ava au burin pour finalement arriver à la réalisation de lui-même, avec lui et dans le couple.


Cerise sur le gâteau, le fameux chien apporte une touche humoristique bienvenue et bien menée en sus de son rôle symbolique.


De manière générale, le film sonne surtout juste et on sent qu' adaptation ou pas, le réalisateur s'investit dans son discours et y croit. Cet investissement de l'acteur-réalisateur et de ces collègues donne à voir un film très humain mais pourtant efficacement réflexif, à un juste milieu entre l'intellectualisation esthétique et la comédie de mœurs. Ainsi, même si la forme fait d'abord penser à une caricature déjà maintes fois vue, on est bien en face d'une œuvre unique, et ce même si la réflexion est connue. Un très bon film à revoir, donc.

Foulcher
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le 5 nov. 2019

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Foulcher

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