Sobre et plus sombre qu'il n'y parait

Jodie Foster est une star assez discrète. Et pourtant assez saignante dans ses choix de réalisations. Son dernier opus en est le parfait exemple. Elle utilise George Clooney à contre emploi et redore le blason de Julia Roberts en lui offrant un rôle à sa mesure. Et surtout le choix de Jack O'Connell est tellement bon qu'il vole la vedette aux grandes stars américaines. Car oui, une fois de plus, un acteur britannique est présent dans un film américain et fait mieux qu'eux. De nos jours la liste de films dans ce cas est longue.
Le film en lui-même est fait de manière propre et tranchante ce qui rappelle ce qui a été fait plus en amont dans l'année avec Spotlight. En même le fameux pathos qui pourrait facilement prendre place dans ce genre de production américaine, est écarté la plupart du temps voire carrément coupé dans le vif comme lors de la scène où la copine de Kyle lui parle par écrans interposés.
Il est en effet question d'écran ici car le récit prend place dans l'univers de la télévision. Et pas n'importe laquelle, celle qui parle de finance. Tout est ramassé et va droit au but. C'est l'autre point fort du film : un rythme mue par les nécessités de l'histoire et également ne pas prendre le spectateur par la main mais lui laisser repérer lui-même certains détails. Un programme télé mentionne brièvement les détournement d'internet du scène du film au travers d'un même de gif animé. Pourquoi nous monter cette scène alors qu'elle n'a pas de rapport direct avec l'action ? Serait-ce pour nous dire de continuer à en faire, que ce genre de nouveauté technologique nous redonne du pouvoir ? Autre exemple avec le fait de situer une partie du film à Federal Hall et en passant devant la statue de George Washington. Là aussi on semble nous monter qu'un procès va avoir lieu devant la fondation des Etats-Unis elle même. Il y a plusieurs autres et ils permettent d'avoir une lecture fine.
Explication renseignée même si simplifiée de la mécanique impitoyable et inhumaine de la finance (le côté inhumain étant même illustré avec humour au centre du film …), Money Monster arrive à être sérieux dans son propos sans être manichéen et à ménager des moments d'humour qui renforcent d'autant plus son discours fort sur un monde illusoire qui n'a plus conscience de l'éthique ou de la morale et donc des dommages qu'il cause. Au final le film lui même ne dit pas si les personnages principaux changent mais il montre clairement (notamment avec ce plan simple et efficace sur le baby foot) à quel point le quotidien robotique reprend, même après un drame exposé à la télévision en direct, sans un changement profond qui est portant nécessaire. Une œuvre plus sombre qu'il n'y parait au premier coup d'œil.

Fiuza
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Films vus en salle en 2016 et Les meilleurs films de 2016

Créée

le 23 mai 2016

Critique lue 309 fois

1 j'aime

Fiuza

Écrit par

Critique lue 309 fois

1

D'autres avis sur Money Monster

Money Monster
Moizi
4

Sony tente de s'acheter une morale

Alors que je rentrais du cinéma, France Culture diffusait une émission sur les cahiers du cinéma et leur dérive (sic) gauchiste des années 60/70. Ils s'en prenaient, à l'époque, aux fictions de...

le 21 mai 2016

34 j'aime

12

Money Monster
Kiwi-
6

Mad City.

Après « Margin Call » ou encore « Le Loup de Wall Street », le cinéma hollywoodien se penche de nouveau sur les dérives de l'hypercapitalisme avec « Money Monster », portrait sardonique de la finance...

le 14 mai 2016

33 j'aime

7

Money Monster
Behind_the_Mask
7

Breaking News

˗ Suite de notre journal BFM après l'ouverture, hier, du soixante-neuvième festival de Cannes et de ses festivités soporifiq... Euh, magnifiques, et c'est Jodie Foster qui a présenté, hors...

le 14 mai 2016

25 j'aime

3

Du même critique

Thor: Ragnarok
Fiuza
4

On frôle la ca-Thor-strophe

Avertissement : ce texte peut contenir certaines révélations sur l'intrigue du film Thor 3 est un film qui ne manque pas d’humour. Et c’est là le principal problème. En effet, pratiquement chaque...

le 25 oct. 2017

60 j'aime

4

Westworld
Fiuza
5

A l'Ouest d'Adam … rien de nouveau

Après l'épisode 1 (note 8) Jonathan Nolan revient avec une série où lui et son équipe développent les thèmes qu'il aimait déjà dans Person of Interest. Intelligence artificielle, pouvoir caché,...

le 8 oct. 2016

39 j'aime

16

Mademoiselle
Fiuza
1

M*rdemoiselle 

Propos liminaires Double avertissement à mes aimables lectrices et lecteurs : ce texte est plus un avis argumenté, un genre de tribune, qu'une analyse critique. J'ajoute que des parties de l'œuvre...

le 22 nov. 2016

32 j'aime

22