Retour à l'état sauvage

"Monos", c'est à dire "singes" en espagnol.

Dans un coin perdu de Colombie, probablement les contreforts de la Cordillère des Andes, en tout cas une zone de hautes collines tantôt de type "montagne à vaches", tantôt couvertes d'une jungle immense et luxuriante, huit ados-soldats (d'une supposée Force Armée Révolutionnaire de Colombie) se voient confier, via un mystérieux cavalier probablement atteint de nanisme dit "le Messager", la garde d'une otage américaine (la doctora Sara Watson). Il y a six garçons (dont un d'à peine 13 ans) et deux filles. Ils disposent de fusils-mitrailleurs. Une vache leur a été prêtée pour qu'elle les nourrisse de son lait, eux et l'otage (c'est un peu juste, tout de même). Le messager parti, ils ne sont plus reliés à leur "organisation révolutionnaire" que par un poste émetteur-récepteur... qu'ils démolissent assez rapidement. Livrés à eux-mêmes, la situation va très vite se dégrader. L'un tue la vache accidentellement, ce qui entraîne le suicide du chef de la bande. Ils restent donc à 7 + l'otage américaine, la seule adulte. Un nouveau chef s'impose (Bigfoot), sans que cela empêche les rivalités de hiérarchie, de personnes ou celles amoureuses. Mais l'armée régulière se rapproche dangereusement d'eux et la bande est obligée de chercher abri dans la jungle amazonienne. L'otage américaine tente alors par deux fois de s'enfuir et la seconde est la bonne. Et sa fuite n'est pas sans répercussions sur la bande, y provoque des remous. Rambo, garçon de 15 ans à l'allure androgyne (et d'ailleurs, pour des raisons jamais explicitées, joué par une fille), est le seul à ne pas se laisser manipuler par les deux mâles dominants de la bande (Bigfoot et son second Boom-Boom), le seul à réfléchir par lui-même et, semble-t-il, à refuser le retour à la sauvagerie (via la révolution ?). Imitant la doctoresse, il s'enfuit à son tour. Bigfoot et Boom-Boom partent à sa poursuite à travers la jungle...
Le scénario est d'une trame assez lâche, floue. On ne comprend pas forcément ce qu'il cherche à prouver. Néanmoins, l'histoire se suit sans aucune baisse d'intérêt.
La réalisation est brillante. Les interprètes, dans l'ensemble, crédibles et bien dirigés. Surtout, les images sont une vraie splendeur, surprenantes, ébouriffantes. Et la bande son nous dépayse exactement comme il faut, nous envoie direct au fin fond de la jungle colombienne.
Quand même, je suis resté presque toujours conscient de regarder un film, extérieur à l'action. Mais j'ai aimé. C'est plein de vie, plein de surprises, plein d'excès (auxquels on croit), plein de rebondissements. On se dit, bien sûr, que c'est du cinéma, mais que ça pourrait très bien arriver dans la vraie vie. Et puis... le film ne dit pas tout, nous laisse avec certaines interrogations, faire nos propres déductions, apporter nos propres réponses.
Sur le chemin du retour, je n'étais pas mécontent de réintégrer la civilisation, mon petit chez-moi. Je ne suis décidément pas un singe (sorry, Mister Darwin).