Par où commencer ? Telle est la question. Le premier long-métrage fauché de Shin'ichirô Ueda empoigne cette idée simple, qu’il met au service de la mise en scène pure et dure, à savoir le regard méta. Alors oui, ce n’est ni vu ni revu, mais quand le bon sens nous attrape, c’est à partir de là que l’on commencera à glousser, sans même s’en rendre compte. Con film nous invite d’entrée de jeu dans un plan-séquence inarrêtable, où un tournage d’un pseudo-film Z prend forme, mais pas seulement. Le cinéaste nous laisse là, avec des personnages qui dérivent, qui entrent en collision et qui devront survivre à une invasion de morts-vivants. Ce qui aurait pu rappeler un certain Romero finit par devenir une entité mutante, qui ne sait jamais ce qu’il est et c’est bien là que l’on viendra nous catapulter, dans un hors champ symbolique et diablement truculent.


Doit-on en rire ou avoir peur ? Le film ne nous laisse évidemment pas le temps de digérer dans une première partie qui fonce à toute allure. L’interprétation reste la nôtre, mais soyez convaincus que ce désordre visuel et mental aboutira à quelque de plus profond et de sincère. Higurashi (Takayuki Hamatsu) est celui qui tient la barre du tournage. Sa colère, sa folie et son envie de bien faire, voilà une intelligence doublement bien représentée. Cette extension d’Ueda trouve la force de paraître intransigeant sur le cadre et c’est sans doute le secret le mieux gardé de l’intrigue, qui bascule soudainement dans un festival de rires à foison. L’approche commerciale et humaine est en déséquilibre permanent, et si l’on patiente suffisamment jusqu’au moment venu, il sera possible de croquer pleinement dans l’expérience du cinéma de genre.


« Ne Coupez Pas ! » se joue autour d’un plan-séquence de 37 minutes, montre en main, afin d’asseoir la légitimité des productions indépendantes à petit budget. C’est barré jusqu’au boutisme et assumé dans un excès à en rebuter plus d’un, mais ceux qui garderont assez de force pour y croire seront récompensés. En attendant, il ne faut pas en souffler un mot et plonger tête baissée dans ce tourbillon infernal, à la fois dramatique et jouissif.

Cinememories
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 13 mai 2022

Critique lue 7 fois

Cinememories

Écrit par

Critique lue 7 fois

D'autres avis sur Ne coupez pas !

Ne coupez pas !
drélium
7

Prime Cut

On pourrait jurer qu'il s'agit d'une énième itération du film low budget nippon comico-gore de zombies mais bien heureusement, c'est plus que ça *. Le bon buzz galopant, de son succès au Japon...

le 26 déc. 2018

49 j'aime

3

Ne coupez pas !
Behind_the_Mask
8

Des zombies débridés

A l'heure où quelques pingouins mondains se tapent sur les cuisses devant un zombie movie amorphe qui radote, histoire de dire qu'eux aussi, ils aiment (hypocritement) le film de genre, il y a de...

le 18 juil. 2019

30 j'aime

6

Ne coupez pas !
Sergent_Pepper
6

Be kind, remind.

Il faut faire preuve d’une certaine patience pour apprécier ce curieux objet à sa juste valeur. Les formalistes pourront déjà, dans le premier segment, reconnaître un certain talent à l’équipe qui...

le 1 juin 2021

29 j'aime

2

Du même critique

Buzz l'Éclair
Cinememories
3

Vers l’ennui et pas plus loin

Un ranger de l’espace montre le bout de ses ailes et ce n’est pourtant pas un jouet. Ce sera d’ailleurs le premier message en ouverture, comme pour éviter toute confusion chez le spectateur,...

le 19 juin 2022

22 j'aime

4

Solo - A Star Wars Story
Cinememories
6

Shot First !

Avec une production et une réalisation bousculée par la grande firme que l’on ne citera plus, le second spin-off de la saga Star Wars peut encore espérer mieux. Cela ne veut pas dire pour autant que...

le 23 mai 2018

19 j'aime

2