Sous ses airs de petits thriller sans grande prétention, Nightcrawler est l’excellente surprise de ce début d’année. On y suit les errances nocturnes d’un jeune reporter free-lance prêt à tout pour capter l’horreur au plus près et se faire évidemment un maximum de thune dessus. Jake Gyllenhaal, comme d’habitude au top, prête ses traits à ce psychopathe en puissance, tordu du début à la fin.
En effet le film ne s’embarrasse pas la classique dérive lente et implacable du personnage principal. Il franchit en effet très rapidement la ligne et embarque de force son acolyte dans ses pérégrinations. Finalement c’est la psychologie des personnages qui entourent Louis le taré qui est au centre du film. Cette recherche de l’image choc, de l’audience. Leur façon de faire reculer petit à petit la barrière éthique tout en se persuadant qu’elle existe toujours. Louis n’est finalement que le pauvre type suffisamment allumé pour faire le sale boulot.
Nightcrawler nous épargne la morale sur le pouvoir de l’image et ses dérives, on sait tout ça. Le film montre ces dérives comme acquises et nous renvoie uniquement l’envers du décor dans la gueule. Et il se pose surtout comme un thriller rythmé, haletant avec une mise en scène au top. Les phases en bagnoles, les plans larges sur Los Angeles, ça envoie du lourd et on est pris dedans du début à la fin.
Même le final, cynique au possible, ne s’embarrasse pas d’un rééquilibrage bancal de la balance morale. L’univers du film était pourri avant que Louis arrive, il n’est qu’un pion de plus dans cette course au spectaculaire qui permet au public de rester scotché devant certaines chaînes de télévision. Nightcrawler ne nous prend pas la tête avec un discours, il nous propose simplement un thriller génial aussi glaçant que spectaculaire.
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