Aussi fort soit-il, Night Call est un film qui est ancré dans son époque, qui est celle où tout un chacun peut filmer un évènement avec un téléphone (ou une caméra) et peut exploiter ces images, le cas échéant sur des des chaines d'infos. Mais j'en reparlerais plus loin dans ma critique.
Lou Bloom est un jeune homme qui va trouver le moyen de se faire de l'argent en piratant les stations de police, ce qui lui permet d'être souvent le premier sur un évènement, comme un accident, une poursuite ou des coups de feux, et de vendre ces images à une chaines d'infos en manque de sensations fortes. Pas forcément intéressé par ce métier au départ, il va se rendre compte qu'il rapporte très vite, juste en filmant...
D'un incroyable cynisme et d'un sang-froid à toute épreuve, il va se mettre de plus en plus en danger, ainsi que son assistant, qu'il paie une misère, afin de trouver l'image, la vidéo qui, comme on dit, créera le buzz. Bien entendu, en voyant le film, on ne peut pas ne pas penser à Drive : une action qui se déroule quasiment de nuit, la façon de filmer Los Angeles, le mystère qui entoure son personnage principal, et une formidable scène de poursuite automobile.
Jake Gyllenhaal, qui joue ce fameux Lou Bloom, y est incroyable ; tout à la fois en charisme, et en puissance, il a perdu près de 15 kilos afin de ressembler à un vautour affamé qui irait sur sa proie. Son air émacié lui donne un air presque terrifiant, où ses yeux presque contaminés par la folie, ressortent, et il réussira à garder le mystère sur son personnage jusqu'au bout. Bien qu'il paraisse asexué, il a l'air d'avoir presque un rapport sensuel avec ce qu'il capte équipé de sa caméra, et ses véritables moments de jouissance sont ses tractations avec la chaine d'infos locale dans ses duels avec la rédactrice en chef, incarnée par une formidable Renee Russo (un véritable comeback).
Son coéquipier est incarné par Riz Ahmed, et il est très intéressant, car il représente quelque part la raison du film, celui qui garde le plus les pieds sur terre par rapport à la boulimie de filmer de son patron, qui l'exploite quasiment comme un esclave pour un salaire ridicule.
Comme je le disais dans mon introduction, ce film résonne très fort avec l’actualité et dans le fait que ce sont souvent des particuliers qui font le buzz, au moyen de leur téléphone. En France, ces images ont été utilisées dans les attentats du 07 Janvier 2015, par les chaines d'information. C'est exactement ça que raconte Night Call ; cette course permanente à faire du buzz à moindre frais, et bien souvent au mépris de la vie de ceux qui filment. Il n'empêche que la première réalisation de Dan Gilroy est absolument formidable, avec un acteur véritablement marquant.