Un film de Spike Lee très étonnant, d'abord par tout le travail sur la photographie du film. En noir et blanc, on est soit dans de la surexposition, soit dans de la sous-exposition, et le glissement entre es deux est très maîtrisé. Avec ce grain de l'image en prime, le rendu est très joli et inhabituel. En couleur, tout est vif, tout est magnifié, sublime. La séquence en couleur est vraiment très belle en fait, je n'ai pas grand chose à dire de plus là-dessus.
L'histoire est un peu particulière, on va évoquer la vie de la Nola Darling avec ses trois amants. Ils sont tous filmés de façon différente. Mars, joué par Spike Lee, est un peu ridicule avec son gros collier et ses grosses lunettes, mais dégage énormément de sympathie, accompagné de musique Hip-Hop avec une boîte à rythme à 2 balles. Jamie, joué par Tommy Redmond Hicks, représente un peu le mari idéal, attentionné, gentil, dont les apparitions sont souvent accompagnées de musique Jazzy. Avec ce même genre de musique, on a enfin Greer, joué par John Canada Terrell, déjà plus détestable car présenté comme égocentrique.
On comprend assez facilement que Nola voit l'Homme Idéal comme étant le mélange de ces trois hommes, d'où cette incapacité à se défaire d'eux. Le plus étrange, c'est qu'elle se questionne sur sa normalité, comme si la société lui imposait de revoir sa conception des relations amoureuses. Elle est libre et je pense que c'est ce qu'a voulu montrer Spike Lee avec ce personnage.
Avec un budget estimé à 185 000 dollars, Spike Lee réussit à être très inventif. Il empreinte parfois au film muet en donnant un maximum de sens à ses images quitte à ne pas faire parler ses personnages pendant 5 minutes assez régulièrement dans le film, d'autres fois à la comédie musicale avec la scène en couleur. Le tout donne quelque chose de personnel et plutôt réussi.