Quand on s’intéresse à une culture, à un art, on passe son temps à naviguer entre les nouvelles sorties et à rattraper ce que certains qualifieront de "retard" mais que je préfère appeler découvertes par millier dans lesquelles on peut encore plonger. Mais c’est plus long donc je garderai le pas très sympathique "retard". Bref. Dans mon "rattrapage" (ce terme est horriblement scolaire) je me suis récemment essayé à lire One Piece et je vais pas paraphraser des heures durant, j’ai adoré. L’univers riche, les personnages hauts en couleurs, la mythologie complètement dingue, une histoire qui se permet tant d’écarts mais où rien n’est laissé au hasard. C’est une oeuvre qui donner le vertige quand on essaie de comprendre sa conception. Donc, amateur de films que je suis, j’ai bien entendu donné leur chance aux films dérivé de ce manga qui me sont passés sous la main et franchement, hormis deux d’entre eux ça ne vaut pas le détour.


Strong World est l’un de ces deux. Il n’y a pas grand-chose à dire, c’est un condensé étonnement digeste de tout ce que l’on aime de ce manga. Si vous avez aimé lire One Piece alors zieutez-le.


Et le deuxième est celui à qui je dédie cette critique. Si j’ai introduit sur le thème du "rattrapage" ce n’est pas pour rien, puisque j’ai pu voir que ce film, issu d’un univers que j’ai voulu "rattraper" dresse un pont vers un réalisateur à découvrir que j’avais en ligne de mire : Mamoru Hosoda. Oui, je suis un inculte, je n’ai rien vu de ses films, mais tous les fanboys incollables sont bien partit du même point que moi, non ? Ainsi j’ai pu faire un premier contact avec ce réalisateur.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le début du film n’a pas été très encourageant. Déjà l’animation m’a beaucoup rebuté. Si ça se donne des airs minimalistes ça a surtout l’air assez cheap. Pas de grosse fulgurance de mise en scène, juste quelques jolis visuels de temps à autre mais bof. L’histoire a également du mal à se lancer. Le film ne sait pas ce qu’il veut être, il ne sait pas, dans ses deux premiers tiers qu’est-ce qui doit composer sa substantifique moelle. L’aventure merveilleuse ? L’humour loufoque ? La mise en place de mystère ? La tentative de créer une ambiance pesante ? Tous ces éléments s’entrechoquent plutôt que de s’entremêler et s’empêchent mutuellement de s’épanouir.


Car oui, autant vous dire qu’à la moitié du film environ, j’étais résolu à ne plus rien attendre du film et à me dire que je laisserai peut-être une nouvelle chance à Hosoda une prochaine fois.


Et puis.


Il est venu.



Le dernier acte.



Le film m’a pris complétement au dépourvu. Alors que je n’en attendais plus rien, il a tout envoyé. La force de cet acte est qu’il a compris ce que devait-être sa moelle : le désespoir empreint d’onirisme. Ça fait un peu émo (trop d4rk) mais je ne vois pas quel autre mot je pourrais poser là-dessus. Le minimalisme prend enfin tout son sens. La simplicité des formes à laquelle sont réduits les personnages les montre totalement écrasés par le cadre, par cette ambiance juste incroyable. Pour le coup les visuels puissants deviennent légion. Là où avant l’image de synthèse semblait juste moche, cheap et mal incorporée, elle devient menaçante, tire profit de son aspect étrange et joue avec. Et la mise en scène d’Hosoda se réveille. Sa façon de jouer avec les silhouettes, le montage, la transformation du mignon en cauchemardesque.
Je reste très vague pour ne rien vous ôter du plaisir de la découverte de ce climax, qui, vous l’aurez compris, m’a fait forte impression.


Pour revenir sur le début du film je ne sais pas trop quoi en penser. Hosoda a-t-il dû se plier au cahier des charges imposé par la Toei ? Ou était-il juste perdu avec tout ce qu’il pouvait/voulait faire ? Ou était-il un génie depuis le début qui nous manipulait pour nous pousser à relâcher notre garde pour mieux nous briser ? Cette dernière option me semble peu probable.


Au final je vous conseille de voir ce film. Vraiment. Même si une forte partie de celui-ci est assez oubliable c’est franchement facilement pardonnable face au dénouement si généreux qu’il nous offre.
On dit souvent que la fin d’un film peut le gâcher. Mais il ne faut pas oublier qu’une fin peut également être salvatrice.


Et en ce qui me concerne, mon premier contact avec ce réalisateur c’est avéré très intrigant et j’ai hâte d’en voir plus.


A très vite monsieur Hosoda !

HaikoW
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le 4 avr. 2018

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