Henri Verneuil n'en est pas à sa première collaboration avec Jean-Paul Belmondo, mais c'est la première fois que cela arrive depuis 1971 avec Le casse. Leur retour se fera par un film policier qui reste encore aujourd'hui dans les mémoires pour son lot de cascades frappadingues effectuées en grande partie par sa vedette. S'il y a toujours des courses-poursuites au programme, Belmondo donne surtout le vertige en se retrouvant sur le toit des Galeries Lafayette, en étant attaché à un hélicoptère pour foncer dans une vitre façon John McClane avant l'heure ou encore sur le toit du métro pour une poursuite donnant des sueurs froides. Verneuil impressionne clairement avec ce type de scènes spectaculaires, mais il s'avère également intéressant dans son intrigue.
Belmondo joue un flic un peu plus atypique que d'habitude, moins dans la rigolade, ayant une idée fixe (trouver le truand qui a tué son collègue) au point de ne pas s'intéresser à l'enquête qu'il est censé traité. Manque de bol, elle cumule les cadavres et au bout d'un moment, le policier est bien obligé d'admettre qu'il est sur un cas grave et qu'il doit intervenir.
Le cas en question titille d'autant plus qu'il se rapproche d'un genre horrifique italien bien connu. Si l'affiche du film est un hommage à Bullit (Peter Yates, 1968), il n'y fait jamais mention (au contraire d'un autre film avec Belmondo, Le Marginal) au contraire des gialli alimentés par Mario Bava et Dario Argento entre autres à la même époque. Rien d'étonnant puisque le film est une coproduction franco-italienne et qu'au moins deux acteurs importants du film sont italiens. Comble, il s'agit des deux criminels en chef (Giovanni Cianfriglia et Adalberto Maria Merli).
Celui qui nous intéresse le plus est bien évidemment Minos, qui a tous les archétypes du genre : tueur de femmes, utilisateur de gants noirs et passages à la casserole d'une certaine violence. Minos est un homme ne supportant pas le rejet des femmes à son égard, en partie dû à son visage où trône un œil de verre. Il part alors en croisade contre ces femmes qu'il juge comme scandaleuses (amatrices d'adultères, actrice de films érotiques, femmes libres) et autant dire qu'elle va être saignante à base d'étranglements, de femme paniquée passant par la fenêtre (le plus important n'est pas la chute, mais l'atterrissage) ou plus généralement d'attentats à la bombe devant des cinémas x (ce qui nous rappelle que c'étaient les années de plomb en Italie).
Bien qu'il a des atours spectaculaires, Peur sur la ville n'en reste pas moins un film policier souvent radical, loin de la rigolade castagneuse du Bebel policier habituel. Tant mieux, car cela permet aussi au film de Verneuil de sortir du lot, l'acteur ayant cumulé par la suite les rôles d'hommes d'action plus amusants.
Un grand film policier où l'on peut également souligner les prestations d'Adalberto Maria Merli en tueur au sourire carnassier inoubliable et de Charles Denner en complice policier de Belmondo. Au passage, le rôle de Catherine Morin est d'autant plus intéressant qu'on la suit régulièrement au cours du film avant son assassinat, au contraire des autres victimes que l'on voit surtout avant l'acte. Si bien qu'un petit attachement se fait pour elle, plus que pour les autres. Un choix plutôt bienvenu dans un film bien alimenté en suspense.