Un récréation vigoureuse qui nous rappelle qu'il y a quelques années existaient en France des acteurs avec de sacrés baloches. Parce que l'ami Bébel, quand il décide de tout donner devant la caméra, il le fait pas à moitié. Et hop, entre deux tirades de flic intrépide en mode Dirty Harry à la française, monsieur joue au Yamakasi pendant une demie heure histoire de filer de la belle matière à un Verneuil qui enrobe ça au poil, quitte à se fracturer la main. Tu me diras les os, c'est comme le riz, ça finit bien par se recoller. Et puis, quand il en a marre de prendre l'air sur les toits de Paris, il se met à sauter comme un cabri sur le toit d'un métro en marche, quitte à y laisser la tête si, faute de timing, il loupe la sortie de station. Il faudra quand même à Verneuil et Bébel pas loin de 3 semaines pour réaliser cette séquence bien couillue. Ces deux morceaux de bravoure, qui ont sans doute contribué à forger la forte répute de Mr Paul "cascade" Belmondo sont quand même de sacrées séquences. Verneuil gère bien son affaire, et file à l'ensemble une belle dynamique par un montage efficace.

Mais Peur sur la ville, c'est aussi un hommage à peine dissimulé au giallo, bien pervers. Et même s'il peine un peu à en reprendre les codes (le perso du tueur n'est pas super bien géré), l'intention est bien là. Les passages dans la peau de notre cinglé bien décidé à éradiquer le sexe du monde (le fou !) sont glauques au possible. J'ai bien aimé son traquenard avec la miss café qu'il manipule tout en subtilité avant de revêtir son visage d'apôtre de la vertu. Magique.

Dommage par contre que l'enquête soit un peu bâclée. D'autant plus qu'il y avait une belle idée d'écriture dans cette double affaire qui monopolise notre flic peu scrupuleux. Toute la première partie du film est vraiment réussie. Le personnage de Belmondo est bien caractérisé, en deux séquences amusantes, on comprend que le bonhomme a du tempérament et qu'il préfère les cacahuètes à la bonne morale. Du coup quand il prend à la légère ce certain Minos qui tente de lui faire à l'envers, ça ne choque pas. Mais une fois l'affaire du braqueur bien vilain bouclée, Verneuil peine un peu à prendre le relais avec sa trame pourtant principale.

En témoigne cette fin peu inspirée qui fleure bon le film promotionnel pour le GIGN plutôt qu'un dénouement digne d'un Dirty Bébel qui mettrait sa raclée à Minos sans prendre de gants (bon y a quand même une mini raclée à coup de visage sur une table, ça compense un peu). C'est un peu triste parce qu'on finit le film sur une fausse note alors qu'il était jusque là assez étonnant. Reste tout de même que Peur sur la ville a de belles qualités qui témoignent que dans les années 70 le cinoche Français (mais pas que) en avait dans le caleçon.
oso
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le 27 juin 2014

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