1987, 1988. En l'espace de deux ans, McTiernan révolutionne le film d'action. Avec Predator, il démontre l'inutilité des armes et le recours à la nature et aux pièges rudimentaires pour vaincre un monstre invisible. Pour Piège de cristal, à travers un huis-clos (le siège d'une multinationale), c'est un nouvel action-héros qu'il crée avec John McClane enterrant du même coup les Stallone, Schwarzenegger et autre Chuck Norris. Soit le super-héros reaganien que même une armée ne peut pas abattre. Qui ne prend aucun coup. Ou alors, paradoxalement, quand il en prend un, ça le rend encore plus fort.
Non, McClane, lui, est malmené de bout en bout. On le sent désemparé au début. Il transpire, saigne, jure. C'est un peu l'américain moyen avec une jolie femme et deux enfants, ayant eu le tort d'être au mauvais endroit au mauvais moment. Car en face de lui, il a un Alan Rickman glaçant (longtemps avant d'incarner le non moins glaçant professeur Rogue dans la saga Harry Potter) et toute sa clique de terroristes voulant voler des bons au porteur le soir de noël.
McTiernan profite de chaque cm² de son terrain de jeu pour en faire un morceau de bravoure. Sa réalisation est fluide malgré le poids des années (les coiffures des personnages, la gueule des ordinateurs, le plan final sur Rickman, ça fleure bon les années 80). Les réalisateurs d'action d'aujourd'hui seraient bien inspirés d'en prendre de la graine. Le cinéaste profite même de l'occasion pour critiquer les médias et la police locale. Ça ne mange pas de pain. Dire qu'ils sont totalement à l'ouest pendant deux heures serait un doux euphémisme.
C'est même impensable que McT n'ait plus tourné de films d'action et même de films tout court depuis 2003. Car lui, il sait comment faire. Je n'ai pas vu tous ses films mais le fait est que je me prends une leçon à chaque fois. Et puis Bruce Willis, c'était l'époque où il était encore un acteur. Où il faisait preuve d'un minimum d'ambition au lieu de cachetonner dans des séries B sortant même parfois directement en vidéo. Piège de cristal, une autre époque, vraiment.