C'est le genre de film que je peux adorer, tout est là, seulement vu que je sais que je peux adorer j'en attends beaucoup et finalement, même si c'est très bien et que je n'ai rien à reprocher au film, je n'ai pas ce petit déclic qui me fait planer, ce petit déclic qui me donne des frissons et me paralyse de peur d'abîmer la pureté de ce que je vois à l'écran.

Parce que c'est un beau film, bien que réalisé en 1993, ça a la saveur de ce cinéma de la fin des années 60, je ne sais pas si c'est le style Akerman, vu que c'est le premier film que je vois d'elle, mais vu l'époque à laquelle se passe le film c'est très bien senti. On retrouve donc ces textes comme on pourrait les retrouver dans certains Bresson en couleur... ou dans certains Rohmer. C'est beau. Ces dialogues qui parlent de tout, de rien, de la vie, de la mort, de l'amour, du sexe, de la jeunesse, de la révolution, de la famille...

Parce que le sujet du film, finalement c'est la vie. Je ne sais pas si la réalisatrice se projette dans le personnage de la fille, mais sans doute un peu étant donné qu'elle avait 18 ans au moment où se passe le film. En tous cas je sens une véracité dans les questionnements, les attitudes, les raisonnements contraires, les changements d'opinions.

Un film avec deux personnes qui marchent, on a par exemple le très artificiel Before Sunrise et on a environ le même concept de base, sauf pas situé dans les mêmes lieux et à la même époque. Cependant là où Linklater ne va jamais réussi à montrer du vrai, à filmer l'invisible, on a Akerman qui va filmer ces dialogues, souvent en plan séquence en faisant habilement flotter sa caméra devant ses personnages, comme si on était l'un de ces anonymes que ce "couple" aurait croisé dans la rue. Mais ce qui est beau aussi, c'est que c'est incertain, on ne sait pas ce qui va se passer, là où on le sent gros comme une maison dans Before Sunrise qu'ils vont tomber amoureux. Là, aucune certitude, comme dans la vie, on suit le cours de la conversation, ne sachant où elle va mener nos deux personnages...

On sent que le garçon s'attache un peu plus à la fille que l'inverse, mais ne se serait-il pas attaché à n'importe qui d'autre ? Il se passe tout un tas de trucs dans ce microcosme qui comporte finalement pas grand monde, des petits regards, des petites phrases qui veulent dire beaucoup et qui sont dites innocemment.

Et puis il y a la boum, sublime, filmée limite en plan séquence avec la musique de James Brown et jamais la caméra qui quitte le visage de la fille, allant même jusqu'à la mettre seule dans le cadre pendant que les autres dansent des slows. Magnifique.

Franchement c'est vraiment bien, mais j'en aurai voulu plus, comme ça la fin aurait vraiment pu me retourner, parce que c'est le genre de fin que j'adore. En fait il y a tout ce que j'aime, mais j'ai pas adoré, j'ai juste aimé. Dommage.
Moizi
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le 21 août 2014

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Moizi

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