Trop artificiel - Où est cette fameuse "fille en feu" ?

Je me doutais que le film ne me plairait pas mais bon, j'avais besoin de me détendre et le cinéma est juste à côté… Ceci étant dit, je m'étonne de voir ce film si bien noté, même pas pour sa qualité propre (la préférence générale converge selon les préférences de chacun) alors qu'il ne me semble guère diverger fortement de films du même genre et qui - de mémoire - ne sont pas autant appréciés. Un petit détour dans le détail des notes permet néanmoins de comprendre que c'est avant tout la faible charge en mauvaises notes qui sauve le film, les notes hautes étant assez dispersées. Et c'est vrai, on ne peut pas vraiment dire que le film soit formellement mauvais, il est même plutôt bien fini.


Mais un film bien fini constitue-t-il forcément une expérience marquante ? Non, assurément. Ici, il s'agira de l'expérience de chacun mais personnellement je place ce film dans la moyenne des œuvres romantiques "classiques", tous formats confondus. Or, le problème de cette moyenne, c'est qu'elle est à mon sens trop artificielle, déjà vue, pas très humaine.
En clair, ce qui me gonfle dans ce film c'est de voir deux actrices ne pas vraiment incarner de personnages mais plutôt des rôles d'amantes sur lesquels le créateur répand sa masturbation littéraire au travers d'échanges qui n'ont pas vraiment de crédibilité. Quand on fait jouer des femmes pas spécialement jeunes, voir des espèces de personnes toutes lisses, toutes proprettes, qui susurrent leurs discours sans que cela ne ressemble à rien à une discussion entre deux humains - ou au moins adultes - cela ne donne pas très envie de continuer.


En fait, si, cela le pourrait. Cela le pourrait si cette rétention des personnages dans la sphère archétypique servait au moins une pensée abstraite un tant soit peu originale et/ou transcendante. Or ici, il ne se passe rien de plus que ce que ne promettent les premières minutes (longues minutes en fait, les deux premières étaient en fait prometteuses avant de doucement comprendre que le titre ne mènera nulle part d'autre que sa dénotation primitive) et le récit reste globalement au premier degré. Et quel premier degré ? Pas grand chose, là encore le fait de faire un film sur les femmes (en vogue) et notamment sur l'amour lesbien (en vogue aussi) semble devoir suffire comme justification de ne pas aller plus loin que ça.
Ajoutez à cela plein de petits détails comme une reconstitution très moyenne de l'époque, des errances sans intérêt car non structurées (la condition de la femme semble être un thème annexe du film mais ça ne se voit pas vraiment tellement c'est timide, brouillon et dénué de liens en plus d'être inefficace car tourné dans une période révolue, même pas bien représentée), les surjeux artificiels dont j'ai horreur (les regards bizarroïdes, les colères théâtrales, les silences faux, etc.), le tableau final relativement moche et sans intérêt (cette fameuse peinture était quand même un putain d'enjeu à ce que je sache), des enjeux inexistants, une absence de talent dans la métaphore et vous obtenez un film froid et peu emballant
Sans compter sur le fait qu'une fois le déclencheur posé, le film se contente de bien afficher son vide en arrêtant d'épaissir ses personnages qui n'ont pas eu une seule minute pour se développer en se morfondant dans un alignement de coucheries, baisers sans développement aucun. Pire, tous les sujets du départ sont jetés à la poubelle, déjà qu'il y en avait peu…


En résumé, un film sans intérêt car sans substance. Soigné, il l'est, intéressant, il ne l'est pas. On me promettait du feu, je n'ai trouvé qu'un glaçon.

Foulcher
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le 20 sept. 2019

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Foulcher

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