[Vous constaterez que le titre de cette critique se lit dans les deux sens, quoique je doute que cela influe sur votre verdict quant à cette dernière]


Après le thriller (Prisoners), le fantastique (Ennemy) et le film policier (Sicario), Denis Villeneuve, décidément friand des titres en un seul mot de trois syllabes, enchaîne avec Arrival (traduit gracieusement dans nos contrées par "Premier Contact"), dans lequel il s'attaque à la science-fiction. De quoi attirer du monde dans les salles en cette fin d'année frisquette, avant que Passengers, Assassin's Creed et surtout Rogue One ne prennent le relais. D'autant plus que le style du Canadien a séduit aussi bien le public que la critique.


Alors, est-il digne de nous livrer la suite de Blade Runner ? Difficile à dire.


Déjà son film est construit d'une bien étrange façon : après un flashforward (qu'on croit alors être un flashback) et une exposition un peu dépressive, Amy Adams est recrutée de manière plutôt originale par un Forest Whitaker intransigeant et fait la connaissance d'un Jeremy Renner déphasé par ses aventures chez Marvel. Mais surtout, entre les informations qui fusent de partout sur les réactions mondiales qu'entraîne l'arrivée des extra-terrestres et les discussions militaro-linguo-scientifiques qui se perdent dans les détails, on a du mal à retenir nos bâillements.


Certes, il y a bien le plan visuellement superbe qui révèle enfin l'OVNI où se déroule la majeure partie de l'intrigue, mais on ne se réveille vraiment qu'une fois à l'intérieur de celui-ci.


En effet, la toute première apparition des aliens est une vraie réussite: l'ambiance est installée, le cadre est maîtrisé, la tension est palpable, la réaction des acteurs excellemment jouée...


ET BIM ! Changement de scène, on est déjà de retour à la base. Super.


Si Villeneuve préfère se concentrer sur la suggestion et le réalisme pour nous immerger dans son film, celui-ci est déroutant à bien des niveaux: déjà il y a ces flashforwards intempestifs sur les états d'âme d'une Amy Adams esseulée, dont on ne comprend l'intérêt qu'une fois arrivé à la toute fin du film (et encore, je pense qu'il n'était pas utile d'en mettre autant et à tout va). On se dit alors qu'un second visionnage serait nécessaire pour s'y retrouver, seulement voilà: l'effet de surprise est passé, et hormis ce dernier il n'y a pas grand-chose à se mettre sous la dent.


Dommage parce que les idées du film, dans l'ensemble, m'ont plu: le langage comme fondement oublié de notre civilisation, la situation géopolitique qui est ce qu'elle est parce que nous avons négligé les modes de communication entre peuples, la peur de ce que l'on ne comprend pas, l'attitude non-hostile et presque craintive des aliens, en contraste avec leur aspect effrayant... D'ailleurs on se prend assez vite d'affection pour ces imposants machins tentaculaires, qui ont autant de raisons — si ce n'est plus — d'avoir peur de nous que nous d'eux (il n'y a qu'à voir les réactions qu'entraînent leur fameuse "arrivée" avant même que le fameux "premier contact" ne soit établi).


En revanche, je me dois tout de même de soulever une incohérence qui a déjà gêné plusieurs de mes collègues :


Pourquoi Abbott se laisse-t-il tuer alors qu'il est censé voir le futur ? Même par notion de sacrifice ou par abnégation, cela n'a aucun sens.


Et puis ce n'est que mon avis, mais le coup de la fin avec cette musique qui fait pleurer ses violons, même Interstellar l'avait mieux réussi...

reastweent
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le 8 déc. 2016

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reastweent

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