La dernière co-production DreamWorks/Touchstone n'était autre que le navet Numéro 4.Quand on a su que les deux s'associaient encore une fois, avec Shawn Levy à la réalisation, on avait de quoi s'inquiéter.En effet la filmographie ne brille pas puisqu'il n'y a rien à sauver (Date Night, Une nuit au musée, Treize à la douzaine, La panthère rose). Ajoutons à ses deux facteurs le matériel de base. En effet, Real Steel est adapté d'une nouvelle de Richard Matheson où le scénario est foncièrement différent, puisque le héros s'appelait Steel et remplaçait le robot sur le ring, en se grimant lui-même en machine, l'histoire ne contenant pas de garçon. Vous vous souvenez de la dernière adaptation de Richard Matheson? The Box? Nous non plus. Bref, tous les ingrédients, bande annonce comprise (voulant surfer sur la vague des films de boxe, à la mode en ce moment), étaient là pour nous faire croire au plus monstrueux des navets de l'année. Pourtant il s'avère que Real Steel est une excellente surprise, et se révèle probablement beaucoup plus Spielbergien que Super 8.

Aaah il est loin le temps des films familiaux. Ces films qui arrivent comme par magie à toucher tous les membres de la famille, de la petite soeur au grand-père. Ces films se font de plus en plus rare, on pense à tous ces films des années 80 : ET, Retour vers le futur, Hook... Mais de temps en temps, on en revoit certains. On pense aux Pixar bien sûr, mais à Avatar également. Ce genre de film, malheureusement, n'arrive plus que très rarement. Cette année c'est le cas de Real Steel. Même s'il est évident que le film n'atteint ni Pixar, ni Avatar, ni E.T. mais s'avère tout de même, et c'est surprenant parce qu'on n'y croyait pas une seule seconde, une franche réussite.

Real Steel (littéralement le vrai acier) s'éloigne un peu de la nouvelle de Matheson tout en gardant les mêmes thèmes. Ici, notre protagoniste ne s'appelle pas Steel mais Charlie Kenton. Il est difficile d'appeler ça un héros puisque c'est tout le contraire. Ancien boxeur déchu, il vit dans une caravane essayant tant bien que mal de se faire de l'argent, puisqu'il est endetté jusqu'au coup. Après avoir perdu un match et son robot contre un taureau, on lui annonce que son ex est morte et se retrouve avec un fils de 11 ans, qu'il ne connait pas, sur les bras. Bref, il est au fond du trou. Mais ce qu'il ne sait pas, c'est que (évidemment), Max, son fils, va le sortir de ce trou. Le petit va d'ailleurs trouver un vieux robot dans une décharge qui se révèlera beaucoup plus puissant que les autres. Les 3 décident de se lancer dans des combats de robots jusqu'à atteindre le tournoi final.

Il est fort probable qu'en regardant la bande annonce, vous ayez déjà deviné la fin. En effet, le scénario ne se révèle pas le point fort du film. Ulra linéaire, l'histoire relève de nombreux défauts. Le film aurait pu être excellent si l'histoire avait gagné en maturité, bref si l'histoire avait été plus adulte. En effet, il aurait été intéressant de voir l'évolution du tournoi ou des adversaires. Egalement, il aurait été très intéressant d'approfondir le personnage de Hugh Jackman qui a arrêté la boxe depuis un moment. Le fait qu'il s'y remette pour le robot aurait pu donc être quelque chose de très fort émotionnellement. Si les quelques scènes de danses (ne vous inquiétez pas, il n'y en a que deux) sont plutôt bien amenées et dans l'ensemble assez drôle, le manichéisme du film insupporte rapidement. S'il avait été amené subtilement, la pilule serait passé, mais là, les méchants sont très très méchants et les gentils très très gentils. Pour faire simple, les deux principaux rivaux se révèlent être une russe avec un accent très prononcé (vous vous souvenez de Mickey Rourke dans Iron Man 2? Et bien encore pire) accompagnée d'un japonais très mystérieux, avec encore une fois un bon accent bien appuyé. Ils lancent tour à tour des regards très Hayden Christensen « regardez, on est méchant et très énervé ».

Passé ces quelques défauts, il faut bien avouer qu'on prend son pied en regardant Real Steel. Malgré son histoire linéaire et certains de ses personnages, Shawn Levy a une excellente gestion du rythme sur son film puisque les deux heures vont en crescendo, et sans absolument aucun temps mort, avec un final tout en beauté où on a envie de se lever de notre siège et crier. L'histoire ne casse certes pas des briques mais implique le spectateur, le tien en éveille et est surtout très très bien racontée. Qui plus est, une des psychologies étudiées semble tout droit sortie d'un film de Spielberg. La relation entre Max et Atom est criante de vérité, si bien qu'on en vient à croire, comme le petit garçon, que le robot est doté de vie et d'une conscience (on ne le saura jamais). Cela se voit encore plus lors de certaines scènes (le robot bénéficie d'un mode miroir lui permettant de copier le mouvement des humains) où l'automate semble emprunt de sentiment d'amitié envers les deux protagonistes, malgré son apparence qui elle, n'a presque rien d'humain. Et Real Steel réussi là où Super 8 s'est planté en beauté. Même si les deux scénarios sont ultra prévisible, le premier arrive à impliquer le spectateur dans son récit par une ambiance travaillée et une psychologie fusionnelle rappelant ces films des années 80 ciblant les enfants mais touchant tout aussi bien les adultes. Il est également fort probable que les effets spéciaux et la réalisation aient quelque chose à voir la dedans. En effet, Shawn Levy nous révèle un talent qu'il avait bien caché, si bien qu'on en vient sérieusement à se demander s'il a réalisé le film tant la mise en scène respire Robert Zemeckis (producteur du film, coïncidence ?). On s'attendait également à des effets spéciaux assez mauvais mais le mélange animatronic CGI est simplement ahurissant, sans pour autant être tape à l'oeil. Quant aux acteurs, la véritable révélation est clairement Dakota Goyo, absolument bluffant, rappelant Haley Joel Osment. Hugh Jackman est parfait dans ce rôle d'ancien boxeur et Evangeline Lilly est délicieuse est sert l'histoire autrement que par la potiche habituelle. Enfin, le film a la force de ne jamais tombé dans le mélo gratuitement, même s'il n'évite pas les clichés. Une réussite de bout en bout, le film aurait peut être gagné à être plus adulte. Cependant, l'ambiance qui en émane, l'histoire et les valeurs intemporelles (Real Steel aurait largement pu se passer dans les années 80) en fond un film divertissant et qui saura charmé n'importe quel spectateur, aussi bien vous que votre copine.
AlexLoos
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le 9 sept. 2011

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