J'aime bien écouter Polanski parler. Sa voix hésitante ponctuée de son célèbre accent parviennent toujours à me transporter, m'hypnotiser. j'aurais bien voulu que le monsieur soit mon copain. Ca lui aruait paru bizarre, mais je lui aurais demndé de me raconter des histoires le soir.

Répulsion fascinne. Polanski traite de la folie avec beaucoup d'intelligence. Le plus fou, c'est qu'il n'ait fait aucune recherche, il a juste réfléchi. Et ça se tient. Les symboliques fonctionnent. L'incursion dans cet état d'esprit particulier convainc. Malheureusement, le scénario manque de dynamisme et il est de nombreuses scènes contemplatives où l'on attend qu'il se passe quelque chose. Si l'histoire regorge de bonnes idées pour dépeindre la folie, elle manque de rythme en terme de dramaturgie, sans doute parce qu'il n'y a pas d'objectifs, et qu'il manque de personnages secondaires avec lesquels dialoguer réellement (l'héroïne est juste fermée au monde, il n'y a jamais de réelle communication, ce qui était sans doute volontaire).

La mise en scène est remarquable. Polanski déforme l'image au fur et à mesure que la folie gagne l'héroïne, et ce grâce à une grande focale. Les jeux de lumière agissent telle une fissure dans l'obscurité, rappelant ainsi la fêlure interne de l'héroïne. Le travail de son est tout aussi pertinent, sorte de prolongement naturel et complémentaire de l'image qui ne peut tout raconter. Les acteurs sont bons. Catherine Deneuve est mignonne mais a le cul plat. Mais elle joue bien. Le montage, en revanche, m'a parfois agacé. Mais en même temps, celui-ci traduit bien les problèmes d'écriture : quand il n'y a pas d'objectif, qu'on stagne, il est difficile de trouver une transition entre deux scènes ; dans ces cas là, les monteurs doivent recourir à des fondus au noir. Je déteste ce procédé ; ça fout en l'air le rythme. A côté il y a des scènes juste incroyables et qui fonctionnent grâce à un sens du rythme de l'image, grâce à un sens du cut juste.

Il est amusant de découvrir ce film après Rosemary's Baby et Le Locataire, car clairement, Polanski raconte déjà ces deux histoires au travers de Répulsion. Dans une interview, le réalisateur déclare n'avoir pas pu faire tout ce qu'il aurait voulu sur ce film, par manque d'argent ; peut-être a-t-il repris ses vieilles idées rejetées à l'époque pour les deux autres films pré-cités? En tous cas, je pense qu'on peut parler d'une trilogie tant ces trois films se recoupent l'un l'autre.

Bref, Répulsion est un film parfait sur la forme, très bien pensé dans son sujet, mais qui souffre d'un traitement dramaturgique plutôt faible
Fatpooper
7
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le 9 avr. 2013

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